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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 23:38

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Ils sont beaux, nos bleus.

 

J'ai toujours eu un faible pour les loosers. Depuis tout gamin, je les avais vu servir de paillasson aux Fassoulas, Rusconi, Duenas et tout ce que l'Europe du basket comptait de bûcherons des paniers, de bourrins des parquets. Et nous, pauvres Français, on leur opposait notre talent dérisoire, nos intérieurs de poche et notre mental de mioches... A chaque fois, le scenario immonde se répétait. On se voyait beaux, on demarrait bien, et paf! On se faisait marcher dessus, juste au moment de monter dans l'express pour la Gloire, la tête éclatée sur le marchepied.

 

Sauf que la litanie a pris fin cette semaine, en Lituanie.

 

Sauf que entre hier et ce soir, la France vient de terrasser coup sur coup deux de ces monstres qui nous écartaient à tout coup de leur passage, avant.

 

Avant c'était il n'y a pas si longtemps. C'était quand le gang des chaussettes foutait le feu au vestiaire et sabordait le navire magnifique que l'on avait mis à l'eau pour notre euro à nous, en 99, celui qu'on n'aurait jamais dû perdre. C'était quand la trouille et Diamantidis nous avaient volé le titre en 2005, effaçant en quarante secondes ce qu'on avait mis presque un match à bâtir. C'était, à vrai dire, avant que Joachim Noah ne vienne modifier le décor de la peinture, transformant par sa simple omniprésence notre équipe en armada. Qu'il soit vraiment bon ou simplement là, il change tout, Jo. Il pousse, il saute, il court, gueule, crache, hurle, re-saute, et se jette au sol comme aucun gars de son gabarit ne sait le faire. Il est tout à la fois le grand pivot, le tuteur indispensable que l'on avait toujours attendu (pardon à Fredzilla Weis), et le dynamiteur, l'accélérateur de particules que l'on n'espérait même pas. C'est un modèle unique ce garçon, un prototype incroyable, doublé d'un gars bien et intelligent. Et là encore, on n'était pas habitué à ça (hein Tariq...).

 

Il a aussi contribué à ce curieux supplément d'âme, à ce petit plus qui nous fait glisser du bon côté quand les matches sont sur la bascule, quand les possessions valent de l'or, quand les mains deviennent glissantes et les certitudes fragiles. Cette année, enfin, nos bleus restent vaillants, quoi qu'il arrive. L'adversaire, le public, les arbitres, rien ne semble vraiment les atteindre. On devine bien, à les voir jouer, célébrer, se regarder, une secrète alchimie, un lien unique et rare. Pour la première fois, l'exemplaire Tony parker semble avoir avec lui l'escouade rêvée. Celle qui, quel que soit le résultat de la finale contre les favoris espagnols, a déjà gagné tant de choses.

 

C'est sûr, ce soir, j'ai l'impression qu'on a exorcisé plein de trucs, vengé le Dac, Ostrowski, Rigaudeau et tous les magnifiques loosers que notre pays a engendré, et qui m'ont fait aimer ce sport. Ce soir, on est passés dans une autre dimension. Quoi qu'il arrive dimanche.

 

Steed, Tony, Nando, Nico, Mika, Flo, Jo, Boris, Andrew, Charles, Kevin, Ali... Merci les gars. Ils sont beaux mes bleus. Et j'espère bien que toute la France va enfin s'en apercevoir.

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 12:17

 

 

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Et ses pas dérisoires augmentaient un à un

La distance, l'espoir de se sauver demain

De ses phalanges usées il tâta l'occiput

Ses cheveux raréfiés, la brûlure de sa nuque

 

Dans le creux de sa main, la trace indélébile

Faisait comme un poinçon, un sceau bien inutile

A mesure que ses forces le poussaient en avant

Du sable sous les pieds, au bord de l'océan

 

Hier ou bien plus tôt, il avait décampé

De la geôle invisible, qui l'avait façonné

Hier ou bien avant, il se sentait coupable

De n'avoir jamais su être juste semblable

 

Aujourd'hui c'était loin, il le savait déjà

Comme ses pas dérisoires le portaient au delà

D'une barre rocheuse lovée en contrepoint

De la crique damnée qui s'effaçait au loin

 

Et ses pas résolus redoublaient de ferveur

Effaçaient en cadence les années de douleur

Sans qu'il ne voit les vagues lui renvoyer l'éclat

Nacré et intriguant qui le suivait déjà

 

Des heures, des journées, s'écoulèrent ainsi

Jusqu'à ce qu'il s'effondre, l'espérance en sursis

D'avoir trop vite cru mettre de la distance

Sous le soleil fatal, faire basculer la chance

 

Alors qu'il gisait, mort au moins dans sa tête

Des flots, inespérée, émergea la silhouette

D'une princesse bouclée, quasi une sirène

Qui se pencha sur lui, comme s'inclinent les reines

 

Regarde dans mes yeux, susurra l'inconnue

Tandis que s'embuaient ceux du forçat perdu

Tu ne seras jamais libéré de tes chaînes

Mais moi je peux t'aider à devenir toi-même

 

Ce faisant la déesse prit sa main dans la sienne

En entrouvrit les doigts et déposa trois graines

A l'endroit calciné par le feu de prison

Le tatouage infâme, l'immatriculation

 

Alors le fugitif se redressa surpris

De l'énergie nouvelle qui animait sa vie

Les vents souvent contraires avaient tourné soudain

Et le soleil brillait, ne brûlait plus enfin

 

La sirène près de lui, dans l'onde translucide

Guidait ses pas légers sur le sable humide

Derrière eux le passé, les ternes souvenirs

S'évanouissaient enfin, devant leur avenir

 

L'évadé s'arrêta, pour regarder plus loin

Conscient qu'un jour peut-être finirait ce chemin

Il chercha du regard une baie, une crique

Un endroit apaisant du rivage magnifique

 

Où un jour elle et lui pourraient se retrouver

Entre la terre et l'eau, sans plus se retourner

Et tisser à jamais une toile d'amour

Un hamac où s'étendre et voir couler les jours

 

Et tandis qu'il rêvait à son nouveau futur

Il entrouvrit sa paume, crispée par la blessure

Les graines déposées au centre de sa main

Avaient presque effacé le funeste dessin

 

A la place de quoi, sur la peau retrouvée,

Trois coquillages infimes s'étaient développés

Un plus grand cabossé, et deux autres identiques

Se fixaient à leur père, d'une force magique

 

 

 

 

 

 

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 11:28

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C'est l'histoire d'un fou avec un presse purée.

 

Un gars le croise et lui demande « qu'est-ce que tu fais avec un presse-purée? »

 

« Bah, c'est pour éloigner les girafes enragées. »

 

« Mais... Y a pas de girafe enragée ici... »

 

« Normal. J'ai mon presse-purée! »

 

… voilà une histoire que mon papa m'avait racontée quand j'étais tout gamin. J'y repense souvent, d'autant plus que j'ai l'affreux défaut d'essayer de m'intéresser aux actualités. Vous noterez que je n'assume pas totalement le fait de me tenir au courant de ce qui se passe ici ou ailleurs, par crainte de paraître chiant.

 

Bref, je me disais qu'on risquait bien de finir par se foutre du fait que Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier sont peut-être bien morts, mentalement sinon complètement. Je me disais qu'on a beau fêter le funeste anniversaire de leur prise d'otage tous les soirs à la télé, on aura beau les coiffer d'un bonnet rouge et blanc le 24 au soir ou bien leur souhaiter une bonne fête des pères, cela ne les rapprochera pas forcément d'un retour de plus en plus hypothétique, la bonne conscience n'ayant jamais servi je crois l'intérêt des victimes de notre barbarie congénitale. Qu'une minute de silence, tous les jours, ça finit par faire beaucoup de temps perdu au bout du compte. Pire, je me disais finalement que, peut-être, on annihile tout risque d'action en agissant ainsi. Leur trombine dans le poste, vers vingt heures, et devenue tellement coutumière, qu'on en considère presque comme normal qu'ils ne reviennent pas. Les gens aiment bien les programmes courts, tous les directeurs de chaîne vous le diront ; même si les gags sont répétitifs, ça peut marcher... . La société actuelle, dans nos pays « développés », ne se satisfait finalement que très peu de messages de fond, et du travail qui va avec. Je n'invente évidemment rien, en affirmant qu'on est aujourd'hui beaucoup plus intéressé par la vitesse que par la trajectoire. L'important c'est d'aller vite, très vite, peu importe le chemin. Pour le chemin, y a le GPS. Et ce salaud, il veut du Ghesquier et Taponière tous les soirs! Mais on ne s'arrête pas, surtout, on passe juste histoire de leur faire coucou, à Heckel et Jeckel...Tiens, d'ailleurs, ce serait sympa de leur mettre un bandeau blanc-rouge, façon nippone, histoire de rendre un hommage double (ça va plus vite, vous aurez pigé) : otages et iradiés.

 

Fukushima, tiens. En voilà une catastrophe emmerdante, puisque désespérément longuette. Dire que ça va durer des mois, des années, sans qu'on n'ait rien à vraiment en montrer! Des émanations toxiques imprévisibles et invisibles, c'est une sacrée tuile pour les médias.

Du coup, en attendant que naissent quelques enfants-troncs, et autres bébés monstres, on va sans doute calmer le jeu au niveau de l'accident nucléaire. Faudrait pas que ça lasse les gens, vous comprenez. Ils pourraient changer de chaîne.

 

Et il en va comme ça des pirates Somaliens, des révolutions maghrébines, de la Côte d'Ivoire, du Libéria, de la couche d'ozone, de son trou, du Rwanda, de la Tchétchénie et de tout un troupeau de girafes enragées, qui font un peu réfléchir, qui feraient presque peur même, si on n'avait pas toujours un presse-purée sous la main.

 

 

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 21:52

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Il est des volatiles qui jamais ne s’élèvent
Le manchot est de ceux qui ne volent qu’en rêve
C’est par une veillée, assis au coin du feu
Que cette douce fable se raconte le mieux

Le manchot était triste, collé à la banquise
Quand les mouettes rieuses, voltigeuses exquises
Piaffaient de leur bonheur de pourfendre les vents
Lui ne connaissait que la glace, les courants

Il pensa un beau jour « je me dois de voler,
Par un moyen ou l’autre, je saurais m’élever »
Cette promesse faite, tacite mais réelle
Il s’en alla construire une jolie paire d’ailes

A l’aide d’une toile, de plumes de goélands
De rouages huilés, il fit un cerf volant
Capable de porter par delà l’horizon
Les rêves merveilleux, sans semelles de plomb

Un beau jour arriva, le manchot était prêt
Le vent soufflait si fort que des orques s’échouaient
Il empoigna enfin son génial instrument
Et s’en alla planer par dessus l’océan

Las ! Le pauvre manchot, dans sa folle entreprise
N’avait jamais pensé que tomberait la brise
Et au moment précis où il passait en France
Survolant la Bretagne, il joua de malchance

C’est à l’aplomb d’une ferme qu’il tomba misérable
Une fosse à purin l'accueillit pitoyable
C'est une erreur lourde que de vouloir voler
Quand c’est en rase-bitume que l'on doit évoluer

 

Le manchot malheureux s’extirpa de la fange
Des larmes plein les yeux, il oubliait les anges
Qui avaient envahi avant l’horrible choc
Son crâne misérable, Calimero sans coque

Alors qu’il accrochait à un vieux cerisier
Une corde de chanvre pour s’y suicider
Il croisa une vache comme on en voit rarement
Un bovin majestueux, car il était volant

D’en dessous de son arbre, le manchot lui cria
« Mais ça n’est pas possible !!! Comment fais-tu cela ? »
Dans une double vrille, aérienne prouesse
L’énorme bête à cornes atterrit en souplesse

« C’est tout simple dit-elle, il te suffit d’y croire !
Chez moi en Normandie, dès qu’arrive le soir
Les vaches du pays s’envolent vers les cieux
Par la seule volonté, faut croire qu’il y a un Dieu… »

Le manchot regarda s'envoler la bigote
Ne croyant pas vraiment qu’une vision dévote
Du ciel et des nuages lui suffiraient un jour
A traverser les cieux comme s’il était fait pour

N’ayant plus rien à perdre, cependant il tenta
De concentrer ses forces, ses peines et même sa foi
Sur l’objectif ultime qu’il s’était imposé
Au nom de Dieu ou pas, il devait essayer !

Le miracle attendu ne vint hélas jamais
Le triste volatile revint au cerisier
Après de longues heures passées à échouer
Même en partant d’un toit, il s’était ramassé

Pourtant la vie est belle, même pour les cloportes
Que l’on rampe ou qu’on vole, la chance parfois porte
Vers des lieux inconnus, que l’on n’espère pas
De ces contrées magiques, qui fleurissent ici bas

Le manchot croyez-le, était prêt à mourir
Lorsque vint de la ferme une dinde à farcir
Elle non plus ne savait pas vraiment décoller
Ses ailes étaient brisées, on voulait la bouffer

Le manchot voyant cela descendit de sa branche
Elle était séduisante, tant elle roulait des hanches
Après de sottes paroles, échangées pour la forme
Les tourtereaux partirent habiter sous un orme

Ils firent de beaux enfants, mi-manchot, mi-dindon
Dont les ailes ridicules ne donnèrent rien de bon
Mais ils s’en moquaient bien, nos jolis amoureux
A terre ou dans le ciel, rien ne vaut d’être heureux

 

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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 22:19

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Hep ! Viens là moussaillon, ressers-moi un godet
M’a dit l’capitaine, déjà bien attaqué
Dans le rhum en tonneaux il noyait son chagrin
Son ennui, les grumeaux d’une vie de marin

Hep ! Viens là moussaillon me r’dit l’capitaine
Mes mains serrent plus mon godet faut qu’tu l’tiennes
Et pis remplis-le donc, une aut’fois c’est pas trop
Pour laver d’ma tête, ce destin en lambeaux

Hep ! Putain d’moussaillon, gueula l’capitaine
Tu m’prends pour un couillon : trinque aussi, à la tienne !
Il me forçait à boire, cloîtré dans sa cabine
Pendant qu’on s’enfonçait lentement vers l’abîme

Il avait sabordé, avec une barre à mine
Notre bon dieu d’bateau, en chantant comme un cygne
Il avait sacrifié, sur l’autel des poivrots
Son bon dieu d’équipage, les femmes les marmots

Hep ! Reviens moussaillon ! Qu’il hurla pieds dans l’eau
Alors que je tentais de sortir du cachot
Ressers moi encore une goutte de c’te saloperie
J’te promets que celle là, elle t’ouvrira l’esprit

Tu verras moussaillon, ce que j’peux plus dire
Ce sera évident, et ce sera même pire !
Tu verras mon fiston que ton père ce salaud
Il regrette amèrement, la perte d'son bateau

Tu verras mon morveux, comme t’étais mon étoile
Avant qu’ta mère la pute, elle ne mette les voiles
Tu liras dans ce verre, tout ce que j’aurais fait
Pour elle et pis pour toi, si elle était restée

Not’navire part en couille, te biles pas je le sais
Ton père est une andouille, une autre vérité
Mais faut qu’tu saches mon p’tit, que moi même trop bourré
J’ai le cœur en bouillie de l’avoir tant aimée

Notre vie elle coulait, comme la gnôle à flots
Sur la toile cirée d’la table du restau’
Et ces gouttes qui tombaient, je n’les oublierais pas
La galère voguait dans les yeux de papa

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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 22:37
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J’ai un peu la tête dans le sac ce matin, et quand je les vois tous me passer si vite sous le nez, ça me fait le même effet que de regarder une rivière en crue charrier du bois mort. Quand l’eau elle est marron, énorme et crade. Des fois, à m’esquinter comme ça la vue, à essayer de voir si on me regarde, je me demande si j’ai pas un genre de pouvoir, un truc comme des yeux brûlants qu’il ne faudrait surtout pas croiser. Des fois qu’ils tombent vraiment aveugles toutes ces saloperies de bouts de bois… Qu’ils pourrissent. Pas de problème pour moi, de là où je suis, je sentirai rien.


Et toi Pilou t’es mort la semaine dernière, et personne s’en inquiète. Mais moi je m’en fous de tout ce monde-là.


Hier, ou peut-être bien un autre jour, une autre nuit, j’ai rêvé comme rarement. Le genre de truc qui te change la vie au réveil, qui te laisse les méninges complètement chamboulées… Et ça a duré longtemps ; la preuve, j’y pense encore. J’étais en train de rien foutre, et d’un seul coup, je me suis retrouvé avec un drôle de truc dans la bouche. Comme un caillou, qui aurait été un peu accroché à quelque chose. Un caillou qui bougeait mais qui restait fixé quelque part dans ma bouche… Et puis finalement, à force de trimballer le truc de droite à gauche avec ma langue, j’ai réussi à le décrocher. C’était une dent. J’ai trouvé ça bizarre qu’un chicot se barre comme ça, sans prévenir, mais j’ai repris mon inactivité comme si de rien. La dent était belle, sauf un vieux plombage de vingt ans. Tu peux croire que ça rajeunit pas, une ancienne carie.

Et puis j’ai commencé à tâter ma gencive là où la fuyarde avait laissé un trou. C’était tout doux, vachement tendre. Agréable quoi. J’étais complètement con dans mon rêve, j’étais presque content d’avoir une dent en moins… Sauf que dix secondes après, j’ai commencé à déchanter sévère : ça bougeait à côté aussi. Un truc qui se barre, sauf que cette fois je devine de suite ce que c’est. Deux dents de plus ! Des machins cette fois bien pourris, bien grisâtres avec des trous où tu peux coincer suffisamment de bouffe pour tenir une journée… Ma gencive orpheline ressemblait plus à rien… Là j’ai eu peur, vraiment peur. Je revoyais ce film où le gars qui s’appelle Papillon – je crois que c’est le nom du film d’ailleurs – il se retrouve au mitard pendant des mois, il bouffe des blattes et fait des pompes en nocturne (il a pas le choix remarque) pour garder la forme. C’est un roc le mec, un gars que rien ne fait flancher. Le cador du pénitencier. Sauf qu’un beau jour, malgré l’exercice, les cafards et même malgré les bouts de noix de coco que lui fait amener son pote en douce, ben il se rend compte qu’il crache ses molaires les unes après les autres. Et là ben putain, le Papillon il craque, se met à chialer comme une merde ; il gueule qu’il veut sortir, qu’il acceptera n’importe quoi pourvu qu’on le laisse revoir le jour… Il est mort de trouille le balèze… Alors moi qui ne suis pas plus costaud qu’un autre, ben quand je perds mes crocs, tu peux me croire je fais de l’huile !…

Heureusement, c’est juste là, quand j’allais pas tarder à découvrir que ça se barrait de partout et à mouiller mon slip, que je me suis réveillé. Y a un chien qu’à dû piger que j’étais en carafe, et du coup il s’est mis à gueuler, suffisamment fort pour que j’émerge. C’est marrant les chiens, ils devinent pleins de trucs. Et la trouille, ils la sentent à dix bornes. Je le sais, j’ai peur des chiens presque autant que de perdre mes dents.


Je me suis redressé, j’étais tout seul. Et j’avais encore mes ratiches, enfin j’avais l’air de les avoir. Manquait juste toi, Pilou.


Paraît que c’est vraiment pas bon signe de rêver qu’on perd ses dents. J’ai déjà entendu causer de ça, tu sais dans le troquet de la rue Sainte Catherine, celui où on allait, quand tu faisais croire que t’étais un ancien docteur. Moi je t’appelais Doc’, normal, j’étais ton seul certificat possible mon salaud… Et le pire c’est que ça marchait ! J’suis sûr qu’il y a encore des morveux qui cause du docteur Pilou dans les cages d’escalier tiens ! Ça doit pas les aider à se motiver à bosser, putain… Hé merde on se marrait bien tous les deux tu sais ! On était notre meilleur public… Enfin bref, je divague. J’voulais te dire que j’avais une fois entendu que les rêves où tu perds tes dents, y a des gars – des professeurs hein – qu’ont expliqué que ça voulait dire que t’étais malade, sérieusement atteint même… T’imagines ça Pilou ? Moi j’étais mort de trouille après mon réveil, même si je sentais bien que ma gencive était pas aussi lisse que les cuisses d’une gonzesse… Pendant des heures je suis resté planté, taraudé par l’angoisse de casser ma pipe bientôt. J’ai repensé à toi, qui me disait tout le temps que tu préférais que je te laisse crever plutôt qu’aller à l’hosto… Et moi je m’y voyais déjà à la boucherie putain ! Parce que quand t’as plus personne autour de toi qui dit aux mecs en blouse de te laisser crever tranquille, ben tu pars direct en civière…

 

Et puis après, j’ai réfléchi un peu, et j’me suis dit que même si j’étais attaqué, ben j’avais juste à faire en sorte que personne me trouve. Et j’ai décidé de venir là d’où je te cause en ce moment. De là personne me voit. Y a trop de monde.

 

Moi tu me connais, même si j’ai tout pour être rassuré, je trouve le moyen de biler. Un vieux restant d’avant, peut-être… Déjà que j’étais sûrement malade, mais là c’était presque scientifiquement prouvé, il aurait plus manqué que mes dents se déchaussent vraiment ! Alors du coup, j’avais beau m’esquinter la goulue sur les chicots, j’avais beau me rendre compte que rien ne semblait manquer, ben j’avais besoin de le voir pour en être complètement convaincu. A la longue, on aurait quand même dit que ça bougeait un peu sur la gauche, vers le fond… Je me suis pointé aux galeries Lafayette pour l’ouverture. T’imagines les faces de crevards qui m’ont accueilli !… Y avait pas trop de monde en plus à attendre l’ouverture : juste deux tignasses violettes et moi. Pendant que les vioques en étaient encore à se faire des politesses tremblantes pour prendre l’escalator, j’ai filé aux fringues, un vrai palais des glaces. Enfin j’suis con, tu connais. Et là, ben j’ai tout juste eu le temps de voir que mes dents étaient pourries, mais bien présentes, avant qu’un balèze avec un pull trop petit me choppe par le col et me foute dehors… Un bourrin zélé, du genre qui pullule dans les centres commerciaux ; mais là encore je t’apprends rien, mon pauvre vieux… J’ai même pas résisté, je l’ai laissé me traiter de pauvre déchet sans même gueuler : je m’en tapais de ses insultes, j’avais eu ce que je voulais… La maladie me laissait un chouia de répit.

 

Alors je suis allé me piquer la ruche, au soleil sur les quais, comme on faisait avec les potes, ou alors juste tous les deux. Là, j’ai bien vu les autres mais j’y suis pas resté. Je leur ai payé une boutanche et j’me suis cassé. Parce que tu vois, t’as beau ne plus être là mon Pilou, ben j’avais acheté à boire pour deux. J’ai jamais eu trop de mémoire…

 

Bien sonné, je suis rentré à pas d’heure en ville ; la montre ne compte vraiment que quand on joue contre elle, et moi ça fait belle lurette que j’ai balancé la mienne à la Seine. La picole m’aura au moins affranchi de cette dépendance-là… Pas comme tous ces couillons qui me regardaient rentrer vers ce chez moi qui n’existe pas, ou alors qui est partout, selon l’œil qu’on a… Ils étaient à la fois inquiets et agressifs. Comme des clébards qu’auraient pas vu une bête sauvage depuis un bail. J’aime pas les chiens, ni les bouts de bois d’ailleurs. Pour ça qu’ils vont bien ensemble, que l’un rapporte l’autre quand on lui lance… Ils avaient peur de moi ces cons, tu te rends compte ?! Mais tu me connais, j’en ai pas fait trop cas, pas plus qu’ils ne le méritaient, et j’ai continué tranquille à user mes semelles jusqu’ici… Ca m’a rappelé le bon temps où on rigolait, qu’on faisait les pitres ou qu’on chantait dans la rue ; là encore, on n’était pas bien perçus : soit ils croyaient qu’on était bourrés, et se foutaient de nous en croyant être suffisamment discrets – c’est à dire très peu vu qu’on était censés être torchés – soit ils nous balançaient des thunes parce qu’ils avaient pitié de nous. Mais nous on s’en tapait de leur avis, de leur fric ! Comme on s’en tapait de leurs cellules d’urgence, du café crado dans des gobelets, de leur bienveillance et de leurs Restos du Cœur ! On n’avait pas besoin de tout ça pour survivre dans la merde et pour être heureux quand même… Le bonheur, quand on est des cloches, c’est tout ce qui reste de la vie. A croire qu’ils sont jaloux de ça, les gens. Les vrais débris de la société, ceux qui ne voient plus clair et qui se font chier c’est eux, pas nous. C’est toi qui me disait ça souvent, mais je comprends mieux aujourd’hui… Eux c’est les bouts de bois, qui filent vers la mer sans rien pouvoir y faire, et nous on est les cailloux, au fond de l’eau, qui passent le temps sans le compter, jusqu’à ce que leurs dents tombent, ou qu’ils en rêvent… T’en avais rêvé toi Pilou, de tes dents qui se barraient ?…

 

Adossé au muret, vautré sur les marches qui mènent à l’esplanade, je regarde la vie couler. Je regarde les vies couler, surtout. Y a des oiseaux qui se rassemblent pour l’hiver au dessus de ma tête. Sont pas cons les oiseaux, enfin disons qu’ils ont le sens des priorités… Je me rappelle quand tu me disais que l’automne est la saison la plus jolie en ville, parce que les lumières s’épanouissent comme des colchiques, juste avant la petite mort hivernale… Tu causais bien parfois, même bourré. Surtout bourré. J’ai toujours été impressionné par ça, mais tu le sais déjà. Je t’ai toujours dit ce que je pensais à toi, je t’ai jamais caché comme tu comptais pour moi, et j’suis fier de ça tu sais ! Tu vois, à sentir le mur se réchauffer dans mon dos, ça me fait comme si t’étais tout contre moi à me raconter les oiseaux qui partent loin, les pierres des marches qui résistent aux générations de blasés, les âmes usées qui se rencontrent parfois par chance, au moment précis où on croit qu’on n’aura plus jamais de bol, justement… Je repense à tout ça, et je sens mes dents qui se tirent encore un peu plus. Tu m’avais sauvé la vie, c’est bien normal que je crève à mon tour… J’ai mal au casque, je suis pas bien. Je vais y passer Pilou, je le sens. Je ne verrai peut-être pas demain… Bon débarras. Je sais pas si on se retrouve après, mais je te chercherai.

 

Je m’endors un peu… Un abruti me lance une pièce rouge. Imbécile, et radin en plus. Je laisse mes paupières se poser, comme de petites ailes fatiguées, qu’auraient trop battu à force de vouloir se tirer en Afrique, au soleil… Dire que t’es mort, j’en reviens pas…

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 08:16
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Au milieu ou pas loin d’un immense océan

Quasi à mi chemin entre Nice et Fécamp

Un joli poulpillon traînait de son entrain

Son papa avec lui dans un coquet jardin

 

Là les posidonies poussaient comme chiendent

Et de bruyants mouflets s’ébattaient gentiment

Tandis qu’un peu plus loin tout près d’un banc d’oursins

Les mamans palabraient d’un peu tout, trois fois rien

 

Le poulpe voulant faire plaisir à son enfant

Le laissa se ruer sur le grand toboggan

Où jouaient des alevins de tous genres, tous âges

Moules, crabes, harengs, espadons pas très sages

 

Il s’invita tout près du coin où se tenait

Le concert de potins des mamans occupées

Tandis que leurs petiots se fendaient la coquille

Ou s’écaillaient le dos sur un poisson torpille

 

A peine eut-il posé un seul tentacule

Sur l’aire de courtoisie, qu’il sentit ridicules

Les mamans se crisper à sa simple présence

Comme s’il avait commis un crime d’indécence

 

« Mais regardez moi ça ! » dit une vieille raie

Qu’avait pas du frayer depuis bien des années

« Il va cracher de l’encre à la moindre occasion

Mes enfants n’peuvent pas sentir les poulpillons »

 

« Et pour moi c’est pareil » répondit la morue

Dont les drôles squattaient à eux seuls un tape-cul

« Les poulpes ça me saoule de les voir traîner

Leurs vilaines ventouses dans un lieu protégé »

 

Le poulpe repartit s’affaler sur un banc

Car on ne s’assied pas quand pour tout séant

On n’a qu’une couronne de jolis tentacules

Et prit congé de celles que la peur tant accule

 

Il regardait de loin son poulpillon nager

Dans le menu fretin que ces connes engendraient

En se disant qu’un jour les candides morveux

Deviendraient à leur tour des bulots prétentieux

 

Et le pire dans tout ça, il faudrait supporter

Qu’un de ces avortons arrive enfariné

Demander ventouse afin d’unir sa vie

Avec son poulpillon, sa princesse chérie

 

La morale de tout ça, en plus que les oursins

Ne vivent pas en bancs, mais bon ça sonnait bien

C’est que vus les engins qui élèvent les enfants

Faudra pas s’étonner, s’ils sont cons une fois grands

 

 

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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 23:14

 

 

 

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(...) Donc, l’OMS, organisme libre de toute influence politique ou économique, fort de soixante années d’expérience au service de la santé mondiale (ils faisaient quoi, les gars de l’OMS, à l’époque de Tchernobyl, d’ailleurs ? me dis-je en me coupant juste sous la narine)… Bref, l’OMS, Madame Irma des pandémies, voit alors que le développement du virus va rapidement devenir catastrophique, puisque – c’est le propre d’un virus – cette saloperie de H1N1 va muter, et devenir rapidement incontrôlable.

L’OMS, pas folle d’ailleurs, avait sagement prévu, dès l’épisode scabreux de la vraie-fausse menace de la grippe aviaire, d’autoriser les firmes médicamenteuses à déclencher un genre de plan ORSEC mondial, tant ils l’avaient eu mauvaise de ne pas se gaver sur le dos des oiseaux morts.

Je reviens à mes poils de barbe et de porc. Il y a donc urgence! dit l’OMS , façon Depardieu au bal des débutantes, Ribéry à la dictée de Pivot, Yvette Horner dans un porno... Une cata authentique, mais sans doute encore enrayable, ouf ! Sur ces prédictions désintéressées, il est décidé de commander, aux quatre plus grands groupes pharmaceutiques, des montagnes de vaccins, afin de contrecarrer la pandémie. Sauf que

 

Sauf que, si c’était vraiment la panique, pourquoi ne pas avoir autorisé TOUS les laboratoires à fabriquer le précieux vaccin ?

 

Sauf que, le vaccin n’a pas pu être testé dans des conditions garantissant à la fois son innocuité à long terme et son efficacité.

 

Sauf que, si le danger vient des mutations du virus, on peut s’interroger sur l’utilité d’un vaccin développé à partir de la souche de base du virus, celle-là même qui a ravagé 0,03 pour mille de la population atteinte en Argentine.

 

Sauf que, le vaccin n’était pas prêt au moment où le ciel était censé nous tomber sur la tête

 

… enfin voilà, à notre niveau, petits Français que nous sommes, l’inquiétude ne cédait pas la place au catastrophisme : tout comme le nuage de Tchernobyl avait miraculeusement contourné nos frontières orientales, la grippe arriverait vers septembre, pour atteindre un pic en novembre, tandis que la centaine de millions de vaccins (une ou deux injections ?) arriverait vers décembre. Parfait? Parfait, puisque dans une curieuse schizophrénie, Madame Bachelot et ses sbires nous expliquaient tout et son contraire : la grippe sera terrible, d’où l’intérêt du vaccin, mais si vous la chopez avant, du paracétamol et du repos, ça passera!

 

 

Evidemment, moi qui n’aime pas plus les piqures que les rasoirs usagé, j’eus vite fait de choisir mon camp parmi les accros au doliprane… Mais c’était sans compter sur la redoutable force de frappe médiatique, sur les armes de persuasion massive qui allaient être mises en œuvre dès la fin de l’été, sur cette campagne terriblement anxiogène : annonce quotidienne des nouveaux décès dans le monde, avis médicaux alarmistes et intempestifs, carte de progression de la pandémie… Je me dois d’ailleurs de revenir sur cette carte. La météo de la mort ! Qui ne se souvient pas de ce soir funeste où, sur l’ensemble des journaux télévisés, on nous diffusa une carte de France intégralement peinte en rouge ? Toutes les régions de France étaient écarlates, toutes ! Restez chez vous, fermez les écoles, faites vous tremper les mimines dans un bain d’acide : on va tous crever!

 

La carte toute rouge, les premiers rhumes automnaux, l’otarie en chef se faisant embrocher devant les caméras, nous en arrivâmes assez rapidement à un état de terreur nationale : alors même que la plupart d’entre nous ne connaissons personne ayant été frappé avec certitude par le terrible virus mutant, il devint rapidement insupportable de voir quelqu’un tousser ou renifler en public... Certains même, à entendre l’énumération des signes critiques, se persuadèrent d’être atteints de la saloperie des cochons mexicains, et leur mort toute proche décidèrent d’aller se faire vacciner en urgence… Là, autre incongruité du système mis en place dans notre pays, impossible de se faire piquer par son généraliste (ces salauds n’ayant pas d’emblée soutenu de toutes leur forces les premiers diagnostics alarmistes de l’OMS), pas plus que dans un centre dédié, pour peu que l’on n’ait pas encore reçu son bon, véritable sésame pour la survie dans ces heures troubles de panique internationale.

 

Pour ma part, le bon de vaccination, est arrivé fin décembre, improbable cadeau de Noël, alors que l’on commençait à entendre par ci par là que le gros des troupes virales avait débarrassé le plancher hexagonal, tandis que la grosse des troupes continuait d’alarmer le chaland à la télé.

 

Au final, là où la grippe saisonnière tue jusqu’à cinq mille Français chaque hiver, la terrible grippe A aura achevé dix fois moins de malheureux.

 

Il est d’ailleurs « amusant » de constater que la France, championne du monde des doses de vaccin et de TAMIFLU commandé par habitant, soit l’unique contrée où aucune mort ne soit survenue des suites de la vaccination… Même les Belges, qui ont piqué dix fois moins de personnes, ont enregistré des effets secondaires mortels, des fausses-couches étranges, des crèves de cheval inexpliquées... On nous prend pour des buses, alors ? Juste un petit rappel : habituellement, quand un médicament fait plus de cinquante morts au niveau européen, il est retiré, ou redéfini dans son usage… Le vaccin miracle, lui, il a fait « officiellement » plus de cent morts, pays-autruches compris.

Et les Polonais, qui ont choisi de ne pas vacciner ? Bah ils ont eu moins de cas mortels que nous, en proportion… Mais selon nos dirigeants, il est évidemment trop tôt pour tirer des conclusions de l’efficacité du vaccin… Mais il n’est jamais trop tard pour se faire piquer, pour anticiper le probable retour du monstre, l’hiver prochain, bien qu’en même temps Madame Bachelot tente par tous les moyens de refourguer les doses en trop, et en décommander quelques millions d’autres.

Ceux qui verront dans la position de notre chère Ministre les relents de sa brillante carrière dans un grand groupe pharmaceutique ne sont que des pisse-froid : non, on n’a pas commandé trop de vaccins. Non, les marchands de lotions hydro-alcooliques ne s’en sont pas mis plein les fouilles. Non, la dame en rose n’a probablement plus aucun intérêt financier dans son ancienne entreprise. Non, la grippe A n’a pas permis de parler d’autre chose que de la misère sociale…

 

Vous avez déjà vu, vous, des peuples prêts à crever, faire de la lutte sociale, ou simplement exprimer leur mal être ? De même que les barres d’usure sur les lames de rasoirs, il est des maux et des mots qui n’existent pas chez les crève-la-dalle. Toute proportion gardée (il serait temps !) a-t-on déjà diagnostiqué et traité une dépression au Darfour ?

En caricaturant, je me demande s’il ne serait finalement pas plus utile de commander des vaccins anti femmes battues, alcool au volant, malbouffe et parachutes qui ne s’ouvrent pas. On pourra toujours nous convaincre, pauvres bestiaux que nous sommes, que ça va nous tomber dessus très très très vite…

 

Faites gaffe, l’hiver prochain, la grippe va revenir en force, surtout si le taux de chômage escalade l’Anapurna, que les coureurs du Tour de France continuent de se doper, que l’ami Nico est au plus bas dans les opinions de vote pour 2012 et que la crise sociale finit de devenir insupportable…

 

Faites gaffe aussi, en passant sous les échelles. Quand vous vous rasez avec un rasoir bon pour la casse, surtout si votre barbe est trop longue. Mettez un casque, quand vous sortez dehors, les pluies de météorites, c’est pas fait pour les chiens…

 

Blague à part, le plus grave dans tout ça, c’est qu’un jour viendra où il faudra vraiment se faire vacciner, se serrer les coudes pour prendre avec sérieux une grave menace sanitaire. Il faudra faire confiance, à nouveau. C’est alors qu’on mesurera vraiment les conséquences de l’inconséquence, les dégâts irréversibles causés par le comportement de nos dirigeants et de leur arsenal de cautions scientifiques. Là, on pourra avoir les boules.

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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 11:56
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Dans le sombre tourment des âmes désœuvrées

Sur le sable rugueux d’une plage désolée

Un marin abîmé usait son énergie

Comme on ronge le frein qui n’a que trop servi

 

Des mois, des jours, qu’importe il était là, coincé

Sur la grève où l’effroi va et vient aux marées

Purgatoire d’ascète rien à bouffer à boire

Même pas trois crevettes, même pas un espoir

 

Face à lui deux mastards, deux géants prétentieux

Barraient son horizon, gardes-chiourmes rocheux

Il leur donna un nom un soir de chagrin

Big et Ben c’était con, mais ça leur allait bien

 

L’un et l’autre jouaient de vice et de ressac

Rabattant vers lui les eaux comme des claques

Des rouleaux infinis qui hurlaient au jusant

S’écrasant dans le bruit d’un râle agonisant

 

Tour à tour les radeaux, pirogues et rondins

Qu’à force de vouloir improvisaient ses mains

Se heurtaient aux vagues que la rage dessine

Fracassés au mur blanc d’écumes assassines

 

Big et Ben sonnaient de leur glas implacable

La route parsemée d’écueils des misérables

A tel point que devant ses récurrents échecs

Le marin en conclut qu’il devrait faire avec

 

Pourtant un beau matin les embruns frémissants

Réveillèrent la plage d’un souffle vivifiant

L’ermite fugitif prit cet air nouveau

Comme un présage ami, qui tapait dans son dos

 

Il partit en forêt, trancha net deux arbres

La tête d’un boa, de taille raisonnable

Et face aux éléments, déchaînés comme d’hab’

Il construit un radeau en bois de baobab

 

A peine la mer prise, il vit devant lui

Un mont vertigineux, un Olympe d’ébène

Se dresser sur les flots, étrangement huileux

Au mépris du tic tac du pendule rocheux

 

Un cétacé géant, prisonnier des l’estran

Eteignait de son corps le feu de l’océan

Rendant ainsi possible l’échappée du marin

Big et Ben ridicules ne jouaient plus de rien

 

La baleine montagne était le grain énorme

De sable qui bloquait les mâchoires aphones

Des deux blocs jumeaux à l’entrée de la crique

Et le vent s’était tu, silence magnifique

 

En passant près de Ben, à deux doigts des fanons

Il vit le colosse comme dans une prison

Sa peau craquée de sel, son regard affolé

Attendrirent ce cœur qui ne vibrait jamais

 

La baleine ne pouvait que rester dans la baie

Et sentait sur son dos tournoyer les épées

De la mort prochaine, étranglée par ce sort

Qui peut jouer des tours aux faibles comme aux forts

 

La marin hésita, regarda sa compagne

Puis observa la mer et au loin l’autre bagne

Celui qu’il n’avait plus qu’en de vieux souvenirs

Et se dit que peut-être rester n’était pas pire

 

Il revint vers la plage, avec sa baleine

Le cœur enfin en paix, bercé par Big et Ben

Dont l’écorce rocheuse est comme un doux ronron

A l’oreille de ceux qui ont enfin raison

 

Etendu sur le sable il finit par comprendre

Qu’il est souvent plus sage de tenir que d’attendre

On est si souvent seuls au milieu des passants

Autant rester ici, et voir couler le temps

 

 

 

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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 15:06

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A présent dégagé de mes obligations bucco-dentaires, j’entrepris de mettre le feu à la broussaille de négligence qui tendait à m’envahir le visage. Jamais une formalité de se raser tous les trois jours surtout quand, c’était mon cas, on n’a pas daigné changer la lame de son rasoir depuis un bail, alors que pourtant ils le disent bien dans la pub que quand la petite bande bleue est effacée, bah il faut vite faire quelque chose… Bref, je me rasais une barbe trop longue avec une lame hors d’âge : boucherie imminente !

Premier constat : les palpations faciales aident à la réflexion, et en ce sens possèdent des propriétés similaires à l’onanisme gingival. Certes, l’échantillon-test est encore restreint à ma petite personne, mais il semblerait qu’il soit de coutume désormais de tirer des conclusions hâtives d’expérimentations limitées… Et là, les plus habiles lecteurs auront compris que je veux vous parler du vaccin pour (contre ?) la grippe H1N1, la grippe A, enfin bref la grippe qu’en France nous sommes les seuls à ne pas nommer « grippe porcine », du fait des pressions du lobby agricole.

Donc cette fameuse grippe dont on nous a prédit qu’elle serait un fléau incommensurable, alors même qu’elle était déjà passée par de nombreux pays de l’hémisphère Sud, à bien y réfléchir elle est arrivée au bon moment. Et là je m’aperçois que j’ai des poils de vieux qui commencent à me pousser sur les oreilles. Aie.

Si l’on se penche sur les statistiques d’un des pays les plus touchés, l’Argentine (estimation de 10 millions de personnes contaminées, en l’absence de tout vaccin), on s’aperçoit qu’il était possible de savoir, dès l’été 2009, que cette peste des temps modernes avait tué dans la folle proportion de 0,03 personnes pour mille… Effrayant, surtout quand on sait que la majorité (plus des trois quarts, en fait) des malheureuses victimes étaient déjà largement affaiblies par une autre affection, dite de longue durée.

J’aime bien, quand je me rase, me laisser une moustache, ou des rouflaquettes à la Joe Cocker… Là je me suis fait un truc assez ridicule, un genre de moustache fine et horizontale, ça fait vaguement snob, mais surtout ça fait PMU-addict… Tiens d’ailleurs, faudrait que je vous cause de l’OMS, dit Gégé en remettant une tournée de pastis.

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