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13 septembre 2014 6 13 /09 /septembre /2014 22:58

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En une semaine,  l’équipe de France de basket nous aura livrés trois matches d’anthologie pure, trois scenarii complètement imprévisibles, trois œuvres rares comme seul le basket peut en offrir. Il ne parait même pas utile de revenir sur les rencontres précédentes, tant la dramatique que nous ont fait endurer les Bleus contre l’Espagne, la Serbie et enfin la Lituanie se suffit à elle-même… De mémoire de supporter, je n’avais jamais assisté à un tel condensé d’émotions sur trois matches couperets, dont certains ont atteint un niveau d’intensité absolument énorme.

 

Au final, malgré la cruelle désillusion de la défaite face à des Serbes formidables, le rendu de cette coupe du Monde pour la France reste largement positif. Le doux reflet du bronze pour finir, bien sûr, cette médaille historique que jamais nous n’avions su aller chercher auparavant. Mais avant, comment ne pas jubiler en repensant à la démonstration collective réalisée face à nos meilleurs ennemis, cette Roja suréquipée (à ne pas confondre avec sur-coachée hein…) qui était une fois de plus certaine de nous piétiner en quarts de finale ? Cette équipe d’Espagne qui, rappelons-le, a parfois perdu exprès des matches de poule pour nous rencontrer sur un match couperet, et ainsi augmenter ses chances d’aller loin dans un tournoi… Alors oui forcément, voir un Thomas Heurtel planter des banderilles à ces gars trop sûrs d’eux, comme à un taureau ivre et furieux, c’était forcément jouissif. ..

 

Entre les deux, donc, la Serbie. La grosse écharde. Le couteau dans la plaie. Cette demi-finale que nous joueurs n’ont pas su appréhender correctement. Cette rencontre bizarre au cours de laquelle les Bleus, largués depuis l’entame (et encore -15 au début du quatrième quart), ont fait preuve d’une fierté et d’un talent  incroyables de revenir dans la course, par la grâce d’une adresse divine et d’un Nicolas Batum surnaturel (35pts, dont 17 dans l’ultime période)… Cette frustrante rencontre dont on est nombreux à penser que jamais on n’aurait du la perdre, si on avait su l’attaquer correctement, avec une intensité équivalente à celle de nos adversaires. Mais comme l’a bien dit Boris Diaw au sortir du parquet, les Serbes ont mérité cette victoire, il ont fait de bout en bout ce qu’il fallait pour aller la chercher.

Nos regrets, on n’a heureusement pas eu vraiment le loisir de les nourrir très longtemps, puisque se profilait le match pour la troisième place et donc la breloque bronzée, simplement 18 heures après le buzzer de la veille. Oui, 18 heures ! Et au passage bravo la FIBA pour cette équité, cette logique implacable dans l’organisation du tournoi.

 

Pour le dessert donc, les Lituaniens. Les pauvres Lituaniens qu’on avait déjà terrassés en finale de l’Euro 2013. Cette fois, sans Tony, mais toujours avec un Batum taille patron (27 points ce soir), ils se sont fait découper sur le tard, après avoir longtemps cru l’emporter, portés par leurs rebonds offensifs, puis par leur adresse. De la cuisine minute, façon Top chef, avec une éprouvante séance de lancers francs à l’étouffée, pour finir sur un score façon années 80. Dans ce final brûlant, Diaw et Heurtel ont été une nouvelle fois primordiaux, de sang froid mais aussi de culot.

 

Et au final, on ne peut qu’être satisfait de cette coupe du monde. Malgré les absents, malgré les blessés de dernière minute, l’équipe de France a fait la démonstration des réserves de talent dont elle dispose, mais aussi et surtout de sa force collective. Le marronnier du refus de la défaite colle de plus en plus à la peau de cette équipe, qui a appris à gagner sous l’ère Collet, et dégage désormais cette force  tranquille qui a si longtemps été l’apanage de nos adversaires. Toujours, même au fond du trou, on sent dans cette escouade le désir et le potentiel pour revenir, et renverser la tendance. Incontestablement, ces valeurs morales sont pour moi la grande réussite de Collet, et aussi peut-être un des fruits des grandes défaites de ces dernières années.Et la breloque en bronze, sans Tony et quelques autres, elle a une saveur particulière, très douce, après l'or européen de l'an dernier... Première médaille française en Coupe du Monde, quand même...

 

Avec un Euro qui se profile à la maison, puis si tout va bien les JO de Rio au complet, on ne peut qu’avoir envie de rêver. De sacre continental, vraiment. Mondial peut-être. Mais surtout de moments comme ceux que l’équipe de France vient de nous faire partager, de ce genre de matches dont on se dit qu’on pourra encore les raconter dans trente ans. Hâte d’y être.

 

diaw-batum.jpg

 

Les douze bronzés au révélateur

 

#4 Thomas Heurtel

Révélation. Pour moi déjà, qui pensait que les lacunes défensives de cet attaquant d’exception seraient rédhibitoires à ce niveau. Et pour beaucoup, qui ne voyaient dans le playmaker de Seville qu’une aimable rustine, derrière les deux autres meneurs. La blessure de Nando et le culot de Thomas ont changé très vite la donne, et Collet a l’imposer dans son cinq, alors même qu’il n’était pas toujours très bon, lors de la préparation, puis des matches de poule. A l’arrivée, le pari est ultra gagnant, Huertel démontrant une classe unique balle en main, mais aussi une paire de cojones à toute épreuve, pour tuer l’Espagne, revenir sur la Serbie, ou doucher la Lituanie. Incroyable éclosion, vraiment. Et malgré ses défauts, qui le font souvent cibler par l’attaque adverse, on ne se passera pas de lui quand Tony sera revenu.

 

#5 Nicolas Batum

Qu’il est crispant parfois Nico, à se planquer sans cesse derrière son tir à trois points, comme s’il n’osait plus utiliser les formidables qualités athlétiques dont les fées l’ont doté ! Qu’il est frustrant de le voir hésiter à driver, ou à prendre la ligne de fond, alors même que c’était son fond de commerce, du temps où son arsenal offensif était moins développé… et puis arrivent les matches couperets, ceux qui comptent. Il éteint l’affreux Rudy Fernandez en quart, affole les statisticiens en demi, et porte son équipe pour le bronze. Trois grandes partitions, toutes jouées sur un air différent. De la défense, de l’attaque, de près, de loin, avec un leadership qui s’affirme. Ne ferait pas tâche dans le cinq majeur du tournoi, finalement... Du très bon Batum. Et le meilleur reste forcément à venir.

 

#6 Antoine Diot

Un bilan mitigé pour le celui qui a l’habitude d’évoluer avec Vincent Collet. Un statut de partant certain pour les prochaines virées qui s’est un peu effrité, au fil du tournoi. Pas si mal, pourtant son tournoi. On les connait les qualités d’Antoine Diot, c’est un meneur très polyvalent, complet, qui sait contrôler le tempo, et gérer les moments chauds. Un bon gestionnaire. Mais là, en Espagne, face à des défenses très dures, il n’a pas toujours su se montrer dangereux, tranchant. La faute à des qualités physiques un peu limites à ce niveau, sans doute, à un peu de fatigue, c’est quasi-certain. En défense, il n’a pas toujours semblé en mesure de tenir correctement ses adversaires directs, n’hésitant pas alors à se sacrifier pour faire quelques uns de ces fautes que l’ont dit « utiles »… Et là, on se dit aussi que Tony Parker est un défenseur sous-estimé.

 

#7 Joffrey Lauvergne

L’autre révélation de l’équipe, même si le top rebondeur de l’année en Euroleague n’est plus à proprement parler un prospect. Meilleur rebondeur et second scoreur de l’équipe, sur un temps de jeu plutôt réduit, ça vous classe le bonhomme. En l’absence préjudiciable d’un scoreur intérieur comme Ajinça, Joffrey a souvent représenté notre solution la plus fiable pour attaquer la peinture adverse. Il sait très bien se montrer pour les passeurs, et a progressé dans son tir. A 22 ans, on n’a pas fini de le voir sous le maillot bleu. En voyant son évolution depuis deux ans, j’aime à penser que Gregor Beugnot est parfois pris de remords à son sujet…

 

#8 Charles Kahudi

Pas facile pour lui, d’arriver sur le tard, pour remplacer un joueur au profil très différent (Nando de Colo, blessé)… Sans doute son passé commun avec le groupe a-t-il pesé dans la balance, au moment de le rappeler, mais j’avoue avoir parfois pesté de voir notre défense prendre l’eau, et Charles rester assis sur le banc, en permanence. N’a pas joué après les poules, où il avait fait preuve d’application et de volonté.

 

#9 Edwin Jackson

S’il faisait 10 cm de plus, ce serait une autre histoire… C’est bête, mais vraiment, à ce niveau c’est à peu près ce qui sépare Edwin d’un statut d’indéboulonnable en Equipe de France. Il a été décisif contre la Serbie en poules… Bon, sa défense souvent décriée n’est toujours pas un point fort, mais il a su faire des efforts. Tout comme pour accepter sans broncher apparemment, cet emploi de bencher spécialisé, qui rentre pour coller deux bombes et revient s’assoir pour longtemps.  Ce rôle de sniper, s’il sait s’y tenir, peut lui donner un avenir en Bleu.

 

#10 Evan Fournier

Une calamité au départ, sans rythme ni lucidité. Evan semblait promis à voir la fin de tournoi depuis son banc. Mais il a insisté, n’a pas lâché l’affaire, et le coach a continué à lui donner de la confiance, lui pardonnant certaines erreurs de jeunesse en début de tournoi. Pour finir, dès la fin des poules, Evan a relevé la tête, étant carrément décisif pour larguer les croates en huitièmes, et toujours utile par la suite, pour sa capacité à transpercer les défenses par ses drives assassins. Pas si mal en défense, quand il veut. A le potentiel pour devenir un très fort joueur.

 

#11 Florent Piétrus

Pas aussi utilisé que par le passé, Collet a semblé parfois vouloir économiser son guerrier utlime, le préserver pour les grandes batailles. Son abattage défensif, sa roublardise, sa façon unique de remettre ses équipiers dans une dynamique positive par sa simple attitude sont connues de tous désormais, et il n’a pas failli à cett réputation. Une claquette cruciale pour revenir sur la Lituanie. Une poutre maitresse du collectif bleu. Indispensable, même à 3,1 pts de moyenne.

 

#12 Rudy Gobert

Le fantasme absolu. 2m16, des bras interminables, une tonicité et une vitesse de déplacement rares pour son gabarit. Rudy a tout pour devenir une arme atomique tant dans le jeu FIBA qu’en NBA. Semble animé d’une vraie volonté de bien faire, et suivi de près par ses aînés, il progresse à vue d’œil. Le must de son tournoi reste le quart contre l’Espagne, où Gobert a totalement dévoré les frères gasol en seconde mi-temps, rien que ça. Son contre magistral sur Pau au quatrième quart, est un de mes highlights du tournoi . Sky is the limit, comme on dit là bas…

 

#13 Boris Diaw

Toujours plus gros, toujours plus fort. C’est comme ça. Même en jouant plus que quiconque depuis trois ans, le physique de Boris s’épaissit, et son armoire à trophées s’alourdit. Pourtant cette coupe de monde ne fut pas toujours simple, à l’image du premier match contre l’Espagne, totalement loupé par le Président. Ciblé par les défenses, il a souvent su trouver la clé pour faire marquer ses coéquipiers (meilleur passeur de l’équipe), même si la création reposait du coup un peu trop sur son talent et sa capacité à fixer. Enorme, sans mauvais jeu de mot, à partir de quarts, il a souvent été brillant en attaque, et toujours acharné en défense, domaine où sa valeur mériterait plus de reconnaissance. Le guide et le cerveau de l’équipe.

 

#14 KimTillie

Un peu comme pour Kahudi, pas évident de venir si tard s’intégrer au groupe, d’autant plus que Kim est plutôt un bizut à ce niveau. N’a joué que des morceaux de match en poule, et plus rien après. On a pu voir qu’il est toujours le même genre de joueur qu’avant, pas très intense en défense, mais doté d’une constance appréciable dans son shoot à mi-distance. Ce ne sera pas facile de faire sa place, si d’autres reviennent…

 

#15 Mickael Gélabale

Il ne change pas. Quelle que soit la compétition, l’adversaire ou l’enjeu, il nous fait toujours le même genre de performance. Utile en défense, réservé en attaque jusqu’à ce que le besoin s’en fasse sentir, polyvalent à l’extrême, capable de crosser un arrière ou de contrer un intérieur, Mike fait toujours du Gélabale. Dommage, il est passé un peu au travers contre la Serbie, juste quand il ne fallait pas. Reste et restera un des hommes de base de Collet à l’avenir.

 

... avec une pensée pour Nando de Colo et Ian Mahinmi.

 

 

 

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