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25 août 2014 1 25 /08 /août /2014 22:24

 

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Auréolée de son sceptre continental, attendue comme une des places fortes des Mondiaux qui débutent dans moins d’une semaine en Espagne, l’équipe de France semble marcher sur des œufs depuis le début de sa préparation. Un seul être vous manque… 

 

On n’y est pas vraiment. Que ce soit à Rouen, Pau, Antibes ou Strasbourg, l’escouade mise en place par Vincent Collet n’est pas encore parvenue à trouver la bonne carburation. Et avant même de songer au menu qui nous attend en Espagne, on est en droit de s’interroger sur nos forces vives, en l’absence de vous-savez-qui…

Six victoires pour trois revers, un bilan comptable anodin, et pour tout dire assez prévisible. Dans ce résultat brut, les premiers matchs n’ont pas grande valeur, si l’on tient compte des écarts de condition physique constatés au sein des différents effectifs, de la non-utilisation d’un de nos joueurs majeurs pour des problèmes d’assurance (Diaw), et de l’aspect éliminatoire que revêtaient ces rencontres pour certains joueurs… Bref, les trois ou quatre premières rencontres ont été biaisées par d’autres enjeux que celui de la simple préparation collective. S’il est de bon ton d’en avoir gagné l’essentiel, il serait dangereux d’en tirer des conclusions.

Plus intéressante, en théorie, la phase qui débute à l’Azur Arena d’Antibes pour se terminer hier au Rhénus strasbourgeois. Là, on a vu le roster définitif des bleus à l’ouvrage – exception faite du malheureux Nando de Colo, j’y reviendrai – dans un contexte où les écarts de forme physique commencent à se gommer, et où les ajustements collectifs prennent tout leur sens…

A ce stade , il faut bien le dire, je me demande encore quel était le sens caché de la confrontation avec les Philippines. Cette nation n’a pas vraiment de valeur sportive, la présence du NBAer Andray Blatche ne parvenant qu’à condamner le jeu collectif embryonnaire de l’équipe… A moins que le staff Français ait estimé que nous avions une chance de les rencontrer après la phase de poules, je ne vois pas bien quelle utilité a pu revêtir ce match. D’ailleurs, il m’a semblé que les joueurs n’étaient pas des plus motivés pour cet affrontement, qui est à mon sens la plus faible partition des Bleus de toute la préparation. Manque d’implication athlétique, manque d’application, de concentration, vraiment ce match sentait le vieux bac à légumes, rien à en tirer d’acceptable.

 

Viennent donc ensuite une double confrontation contre l’Australie, une face à l’Ukraine de Mike Fratello, et enfin une opposition à la Finlande. Du significatif. Trois équipes qui, à défaut de faire partie du Gotha mondial, ne sont pas non plus à la portée du premier Philippin venu…

Deux défaites, deux victoires, c’est anecdotique, mais l’équipe de France a globalement souffert lors de ces quatre rencontres, à l’exception notable du tout dernier, très réussi contre l’Australie (73 à 50). Malgré un nombre raisonnable de points encaissés, la défense ne m’a pas laissé une bonne impression la plupart du temps. En premier lieu, le premier rideau de notre défense a été trop permissif sur les drives, la défense sur les pick & rolls manquant également d’automatismes, de vitesse de décision. Malgré la mutation offensive réussie ces dernières années par notre équipe nationale, nous n’irons pas bien loin sans une forte capacité à bloquer l’adversaire... De même en attaque, le déficit est criant par rapport à l’équipe de 2013. L’absence de Parker et même d’Ajinça laisse pour l’instant un grand vide. Dans ce contexte, la blessure à la main de Nando de Colo nous prive d’un de nos créateurs les plus fiables. Le type même de joueur qui permet de survivre offensivement dans un match à l’étouffée, comme on en vit régulièrement après les poules.

 

Ligne par ligne, une rapide revue d’effectif s’impose. A quelques jours simplement du jour J, Vincent Collet ne fera plus de miracles. Tout au plus pourra-t-il influer sur le mental de ses joueurs, et sur la hiérarchie qui se dessine au sein de son groupe. Sans surprise, aujourd’hui le collectif Français ressemble à un hydre à deux têtes.

 

Meneurs:

Evidemment l’absence de celui qui est peut-être le meilleur meneur de jeu actuel est impossible à compenser correctement. Diot est clairement le numéro un du poste, et sa stabilité émotive plaide en sa faveur. Il défend de plus très correctement, je n’en dirai pas autant de Thomas Heurtel, catastrophique en homme à homme, tout comme dans les rotations défensives. Sa grinta, ses cannes de feu et ses qualités de créateur - indéniables - sont censées compenser ce défaut récurrent de son jeu. Je suis loin d’être convaincu pour l’instant. Je me dis même qu’Andrew Albicy doit avoir des fourmis dans les jambes en voyant les matches. Enfin, en l’absence préjudiciable de Nando de Colo, Evan Fournier a eu droit à quelques séquences au poste un, qui ne m’ont pas laissé un grand souvenir.

 

Arrières/Ailiers :

Nico Batum semble être dans une forme mondiale, c’est l'enseignement majeur de la préparation. Régulier au shoot, incisif, efficace au rebond, voire par séquences à la passe, il endosse pour l’instant très bien son costume d’homme à tout faire du collectif Français. Surtout, il ne se repose pas uniquement sur des tirs lointains pour vivre en attaque, et à ce niveau on voit un réel progrès depuis l’Eurobasket 2013. A ses côtés, Mike Gélabale reste l’inamovible lieutenant. Toujours discret dans la performance, toujours précieux bien qu’effacé. Des deux côtés du terrain il est indispensable, tant on le sait capable de hisser son niveau au plus haut…

Derrière c’est plus compliqué : Edwin Jackson a besoin de bouffer la balle, de dominer, et manque encore de vécu dans ce groupe pour revendiquer un tel statut en bleu. Evan Fournier semble pêcher par manque de maturité par moments, même si son potentiel offensif laisse rêveur. Enfin, Charles Kahudi est plutôt convaincant, pour un repêché de dernière minute, et offre de bonnes minutes, même quand Kopponen lui shoote sur le nez…

 

Intérieurs :

Boris Diaw tient la clé, mais aussi la porte, le pont levis et les murs du château Français. Avec son retour, et sa montée en puissance athlétique, notre collectif s’est transformé. Le capitaine Bleu prend de plus en plus de place dans le collectif, et quasiment chaque ballon d’attaque passe dans ses mains. Il pèse lourd, sans vilaine arrière pensée. Même aux temps-morts, on sent bien le poids du Président, lorsqu’il prend la parole. C’est vraiment le boss de l’équipe, celui qui assume et dans les yeux duquel chacun cherchera l’espoir quand tout ira mal… Le problème, c’est qu’avec Boris en 4, voire au pivot, on se fait régulièrement bouffer au rebond. La solution n’est pas idéale. Lui associer Florent Piétrus, ce chacal des raquettes, a souvent représenté la meilleure alternative. Mais sur les matchs amicaux, Flo n’a pas eu son rayonnement habituel. Le guerrier se réveillera, sans doute, quand tout se jouera.

Au pivot enfin, Joffrey Lauvergne a pris sa place. En l’absence d’Alexis Ajinça, Joffrey représente notre meilleur atout offensif au poste bas, ce qui est  la fois encourageant (pour lui) et inquiétant (pour nous)... Derrière, Rudy Gobert fait des débuts remarquables. Il est loin d’être un produit fini en attaque, mais pèse déjà dans la peinture, défensivement, tout en distillant quelques passes qui laissent deviner une bonne vision du jeu. Mais on en pourra pas lui demander trop de minutes dans les joutes les plus tendues du Mondial... C’est là qu’en principe Ian Mahinmi intervient. Et c’est que je me dis que la NBA est parfois destructrice pour le développement d’un joueur. A l’instar de Ronny Turiaf en son temps, Mahinmi s’est transformé en un role player défensif qui semble totalement incapable d’assumer plus de responsabilités que celles qu’il a aux Pacers. Emprunté en attaque, pour être gentil, il ne pèse pas non plus vraiment en défense. S’il ne se remet pas dans le coup dès les premiers matchs, on risque de ne pas beaucoup le voir sur le parquet en Espagne.

 

Au final, pas facile de se faire une idée de la valeur de notre équipe, en l’absence de Tony… J’ai tendance à penser que Diaw et Batum ont les moyens de nous porter loin, mais que notre traction arrière va manquer de coffre pour passer le cut lors de l’emballage final. Ne pas oublier que cette compétition n’a aucun caractère qualificatif, pour une fois, et qu’elle va servir à Vincent Collet pour bâtir l’équipe de demain… Une demi-finale serait une très grande performance, dans ce contexte.

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