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29 juin 2013 6 29 /06 /juin /2013 00:36

Nous y voilà ! Chacun l’espérait, le pressentait, notre équipe de France Féminine a confirmé ce soir sa place dans le gotha continental. Voilà les Bleues en finale, contre une grosse équipe d’Espagne, qui n’a fait de sentiment ni en quarts (+17 contre la république Tchèque) ni en demie (+19 contre des Serbes usées jusqu’à la corde)… La finale logique d’un tournoi dont plus grand monde ne semble remettre en cause ni  le niveau, ni l’intérêt.

 

Ce soir face à la Turquie, et contrairement à la veille, les Françaises n’avaient plus rien de Braqueuses. Elles ont dominé leurs rivales dans les grandes largeurs, à commencer par une raquette retrouvée, au sein de laquelle Endy Miyem (10 pts, 9 rbds) a sans doute réalisé sa meilleur sortie du tournoi.

 

Adroites, conquérantes au rebond offensif, agressives en défense, elles ont rapidement su creuser un écart significatif (12-2 d’entrée), qu’elles auront finalement su conserver quasiment de bout en bout. En vraies Patronnes.

 

ndongue.jpg

Emeline N'dongue lance une contre attaque. Elle jouera son dernier match international dimanche.

 

Oh bien-sûr, les Turques ont vendu chèrement leur peau, à l’image d’une Esmeral Tunçluer chaude comme une baraque à frites (20 pts à 7/12 aux shoots). Elles sont même revenues souffler dans la nuque des Braqueuses au cœur du dernier quart, à la faveur d’une défense exceptionnelle… Peu à peu contractées par leur manque d’adresse, sans doute un peu fatiguées, les Françaises ont paru cuire à l’étouffée dans la fournaise de cette ultime période, lorsque huit minutes durant, le cercle s’est refusé à leurs avances… C’est finalement avec un soulagement évident que le public d’Orchies a accueilli le tir ligne de fond de Sandrine Gruda, un peu chanceux, à deux minutes pile du terme, faisant repasser le score à +4 (53-49)…

 

Ne restait plus ensuite qu’à gérer le money time, ce que nos joueuses ont toujours parfaitement su faire jusque là. Avec un dernier panier hautement symbolique, fruit de l’immense Emeline N’Dongue sur une passe décisive du lutin Edwige Lawson. Nos deux futures retraitées, peut être nos deux joueuses les plus sûres sur les matches couperets joués cette semaine, venant parachever d’une action de classe la belle victoire du jour.

 

Reste un obstacle désormais. La marche la plus haute, tant il semble évident que cette équipe Espagnole est elle aussi programmée depuis le début pour jouer la finale. Après la terrible blessure du genou vécue voici quelques mois, Alba Torrens semble avoir retrouvé toutes ses sensations, et son standing d’ailière de niveau mondial. Dans la peinture, Sancho Lyttle (encore 22 pts et 11 rbds contre les Serbes) ne baisse pas de pied, et produit match après match des statistiques monstrueuses. Des stats de MVP… Sauf, peut-être, si la France gagne dimanche !

 

Chiche?

 

(Kebab!)

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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 22:44

dumerc.jpg 

 

Cela devait être facile, presque une formalité.

 

D’un côté, une équipe de France conquérante, sûre de sa force, reposée. Restait juste à gérer correctement les quatre jours séparant le dernier match de poules de ce quart de finale… En face, la Suède se présentait comme la surprise de la compétition, et bien qu’ayant été plutôt séduisante au premier tour, on imaginait mal les scandinaves inquiéter plus sérieusement nos chères Braqueuses que les Tchèques ou les Biélorusses quelques jours plus tôt…

 

Après quatre minutes, et un score de 14-4 pour elles, tout semblait se dérouler comme prévu. Pour la première fois du tournoi, Céline Dumerc mettait dedans, et semblait avoir décidé de hausser son jeu en attaque, histoire d’éviter toute déconvenue…  


Mais là, on avait tout faux. Moi le premier, je me plantais, comme la plupart des observateurs, des supporters, de nos joueuses qui sait ? A cet instant, à +10, temps-mort pris en urgence par la Suède, on s’est vus beaux. Et les Suédoises sont revenues. Avec rage et talent. Elles sont revenues vite, sur les ailes d’une formidable Frida Edelbrink, plus tard relayée par sa jumelle Elin, toutes deux incroyables de vitesse, de vista et d’adresse, chacune ayant sa mi-temps de gloire. A l’arrivée la famille Edelbrink aura scoré 38 points à la meilleure défense du tournoi jusqu’alors, le tout à  15/23 aux tirs ! De l’autre côté du terrain, elles ont su varier les défenses, et cadenasser la raquette, comme personne n’avait encore su le faire face aux Françaises. Grandes, agressives, roublardes, souvent à la limite du licite, les intérieures suédoises sont parvenues à totalement limiter l’impact de Sandrine Gruda (et là aussi je m’étais planté). Seule Isabelle Yacoubou parvint par séquences, en puissance, à mettre au supplice la muraille jaune. Il aurait fallu la gaver de ballons, chose rendue impossible par la défense adverse.

 

L’ambiance suffocante allait de pair avec le déroulement du match, les incessants changements de leader, la tension de plus en plus palpables parmi les tricolores… Un symbole, Caps y perdait peu à peu sa lucidité et ses nerfs, trop souvent fautive en défense, et à cet instant inoffensive en attaque. Le doute. La trouille.

 

Heureusement, à ce moment, tout début de seconde mi-temps, alors que les Braqueuses étaient sur le point de se faire coffrer, les remplaçantes firent un boulot énorme, Gaëlle Skrela en tête. Inefficace jusqu’alors, agaçante même parfois à refuser des shoots ouverts, l’arrière bleue prit feu pour planter 11 points dans le troisième quart (3/3 de loin), voler des ballons, servir du caviar en transition… Heureusement, car notre défense continuait de prendre l’eau, sous l’adresse phénoménale des Suédoises à mi-distance. Le retour de la poutre maîtresse Emeline N’Dongue, et la sérénité d’Edwige Lawson à la mène nous permirent d’arriver dans le money time avec simplement quatre points de débours (73-77, à peine trois minutes à jouer). Un match magnifique. Les Suédoises avaient un pied en demi-finale, et faisaient une partie formidable.

 

C’est alors qu’elles se sont fait capsuler.

 

On n’y croyait plus, tant elle semblait avoir plongé au plus profond de sa frustration, tant elle paraissait avoir perdu toute confiance, mais pourtant elle était toujours là, prête à renverser les montagnes. Comme au JO l’an dernier, comme on ne l’espérait plus vraiment, Céline Dumerc – qui doit avoir du sang grec dans les veines -  s’est d’abord levée à trois points, deux fois en trente secondes. Boum. Boum !

 

Et puis elle a provoqué la cinquième faute, du poison Barthold. Et remis ça, d’encore plus loin, à quarante secondes du terme. BOUM ! Gueulant à chaque tir réussi, muscles bandés, poings serrés. La Capsule telle qu’on l’avait laissée à Londres. Franchise player.

 

Emeline a alors fini de verrouiller cette raquette qui ne nous avait jamais appartenu , Edwige a fait le métier aux lancers. Le public a hurlé son bonheur. Et les Suédoises l’ont sans doute pleuré, ce match qu’elles n’auraient jamais dû perdre.

 

Des Braqueuses qui font un hold-up, finalement c’est logique. Et peut-être pas plus mal, pour demain,  en demi, ou un gros morceau se profile. Il faudra de la chance encore, sans doute, pour battre les Turques. Mais après ce qu’elles ont vécu aujourd’hui, les Bleues ne doivent douter de rien.

 

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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 10:58

 

Après quelques chaudes soirées vendéennes, ponctuées par six victoires en autant de parties jouées, l’équipe de France met le cap au Nord, direction Orchies, un authentique bastion du basket féminin. Ciao donc Trélazé, Mouilleron-le-Captif, leur rafraîchissante ferveur, leur inconditionnel soutien, et autres Marseillaises hurlées a capella… Dire que nous étions nombreux à douter du choix des sites d’accueil de cet Eurobasket, en l’absence de candidatures plus huppées…

 

Dans le Nord donc, l’EDF affrontera le quatrième de l’autre poule, à ce jour à définir entre le Monténégro, l’Italie ou la surprenante équipe de Suède… Rien qui doive paraître insurmontable. Mais suffisamment costaud pour exiger une concentration maximale. Car si les filles de Pierre Vincent se sont à nouveau baladées pour les trois derniers matchs du premier tour (bien plus que ne le laissent penser les scores*), force est de constater que certaines failles dans leur jeu méritent toute l’attention nécessaire, au moment d’attaquer le plat de résistance, pour continuer sur ma métaphore gastronomique de la semaine dernière ( Eurobasket : les braqueuses passent au hors d’œuvre )… Et ce, même si les Bleues se sont donné le droit de prendre le plat de poisson plutôt que le cassoulet ou la tartiflette (au choix, Espagne ou Turquie), et ainsi plus facilement envisager de bien finir le menu de cet Eurobasket à domicile !

 

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Endy Myiem et Isa Yacoubou félicitent Sandrine Gruda, royale sur les deux derniers matchs joués.

 

 

Sur le plan du jeu, la France se distingue, sans surprise, par sa défense. C’est la marque de fabrique, le fer rouge avec lequel les Bleues marquent chacune de leurs victimes depuis plusieurs années déjà. Une frontline Gruda-NDongue-Tchatchouang n’a d’ailleurs, d’un strict point de vue défensif et athlétique, aucun équivalent sur le Vieux Continent. L’EDF est première du tournoi aux points encaissés, aux rebonds, aux shoots accordés à l'adversaire, autant de stats qui traduisent parfaitement l’impact d’une équipe au sommet de son art dans ce domaine, alliage d’athlétisme, d’expérience et de discipline.

 

En attaque, bien-entendu, c’est moins folichon. Certes, les adversaires écartés jusque là n’ont pas forcément poussé les Braqueuses dans leurs derniers retranchement, mais ça semble assez poussif. La pression qui s’est installée sur les épaules Bleues n’y est pas pour rien, certes, mais nous payons aussi certains choix de casting – par ailleurs excellents dans d’autres domaines… Ainsi, jouer avec la pieuvre Tchatchouang ou en décalant Myiem en 3, nous procure systématiquement des matchups intéressantes à l’aile, point de vue physique. En revanche, on se prive de cartouches importantes sur le tir extérieur. L’EDF est l’équipe ayant tenté et réussi le moins de tirs à trois points du tournoi, et cela ne changera probablement pas. Le constat est clair : nos meilleures joueuses ne sont pas des shooteuses de loin. Il faudra simplement être capables d’enfoncer tout le monde à l’intérieur, comme cela a été le cas jusqu’ici. Cela me semble tout à fait possible, si les genoux d’Isabelle Yacoubou tiennent (quelles mains en or, pour quelqu’un qui est sans cesse comparé à Shaq !!!)… et si les lancers-francs rentrent !

 

Ah, les lancers… Autant je pense qu’on pourra se passer de tirs de loin, la plupart du temps, autant ce défaut-là risque d’être crucial. Il faut quand même se dire que les Braqueuses sont à 60% sur la ligne,  seule la faible Ukraine ayant fait pire. Mais aussi, et surtout ! Les Bleues tentent beaucoup plus de lancers que quiconque. 130 tentatives à ce jour – plus de 20 par match, oui oui… Inutile de dire qu’il faudra continuer à provoquer les fautes de cette manière. Simplement, au moment de plier les matches à la mort qui arrivent, il faudra aussi être capable de faire payer à l’adversaire chacune de ses fautes, sous peine de subir un Hack-a-braqueuse généralisé en fin de match !

 

Elles ont quatre jours pour corriger cela, du moins essayer de se redonner une certaine confiance sur la ligne de réparation. Tout en gardant à l’esprit que tous les autres voyants sont au vert, un vert sacrément pétant, et que leur profondeur de banc leur permettra vraisemblablement de finir par plier tout le monde sur l’impact défensif, sur l’intensité quarante minutes durant. Ces quatre jours de repos, comme le disait "Caps" Dumerc, c’est presque dommage de les avoir, tant les Bleues ont pu s’économiser physiquement, comparativement à leurs futurs adversaires… Tant pis, tout le monde se reposera, devra gérer la pression, et jeudi soir il faudra être grandes, à Orchies, quelle que soit l’équipe en Face. Je ne suis pas inquiet. Le plat de résistance approche, et à l’évidence, elles ont encore sacrément faim.

 

 

* Entre 8 et 15 points d'écart moyen sur la deuxième phase de poules. Comme le rappelait justement Yannick Souvré à l’antenne de Sport+, un écart de quinze points, quand on laisse son adervsaire à moins de cinquante points, c’est déjà énorme.

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 23:42

yacouboulawson

 

Edwige lawson-Wade dans les bras d'Isabelle Yacoubou

 

 

 

On nous avait prévenus. Après l’aimable divertissement de la Lettonie, trop limitée à ce niveau, puis de l’équipe de Serbie dont le principal fait d’armes est d’avoir un père de coach célèbre : ce serait une autre paire de manche contre les Anglaises. Pensez donc, elles sont dures, athlétiques, vicieuses, elles nous ont fait peur aux JO de Londres… Et voilà le travail : 79-47, aucun suspense, une boucherie dans le dernier quart. On nous avait un peu survendu cette équipe britannique, ou bien les Braqueuses devraient en fait s’appeler les Patronnes ?

 

Un peu des deux sans doute. Mais je reste quand même impressionné par l’équipe de France, tout chauvinisme de base – réel mais contenu – mis à part. Elles sont très impressionnantes nos filles, et puis il se dégage une impression visuelle assez saisissante en ce qui me concerne. J’ai dans l’idée que nos joueuses en ont un peu plus sous la pédale que les autres. Certes, la machine offensive bleue tarde à trouver la bonne carburation, certes c’est la saison des vendanges sur la ligne des lancers, certes Céline Dumerc ne plante pas de tirs au buzzer à neuf mètres… Mais bon, l’adversité ne réclame pas forcément cela pour l’instant.... Finalement, on vient juste de terminer l'apéritif, avec ces trois premiers matchs dans l'ambiance de corrida de Trélazé... Désormais arrive le hors d'oeuvre à Mouilleron-le-Captif (c'est sérieux!) avec la fin du premier tour. Puis les quarts, plat de résistance, dessert, café, pousse-café, à Sainte-Flaive-des-Loups (non là je déconne)!

 

 

En voyant les matchs de la France, j’ai parfois de vieux souvenirs qui me reviennent à l’esprit. Toutes proportions gardées, cette équipe me rappelle la Dream Team. Pas un de ces ersatz sans âme que l’on a pu se coltiner, mais la belle équipe US de 92, celle qui semblait tellement sûre de son fait. Celle qui parfois était un peu accrochée, pendant un quart ou deux, mais qui creusait un écart abyssal dès que l’adversaire courbait un tant soit peu l’échine. Et au final tout le monde prenait quarante pions.

 

J’y repense, oui, quand je vois certaines de nos joueuses majeures s’économiser sans que le rendement collectif en ternisse. Quand je vois les rotations de fou qui sont l’apanage de notre secteur intérieur. Car à mon sens, c’est à ce niveau-là que l’on est franchement au dessus du lot. Imprenables. Certes une équipe comme l’Espagne a potentiellement de quoi nous inquiéter, mais en aucun cas la star Sancho Lyttle ne me semble à même de rivaliser avec la combinaison de pièces complémentaires sur laquelle Pierre Vincent peut s’appuyer dans la peinture. Quand Isa Yacoubou et Endy Myiem rentrent pour Emeline Ndongue et Sandrine Gruda, c’est un peu Barkley/Robinson qui viennent faire souffler Malone/Ewing… Et à ce niveau là, la fatigue, les fautes ou la méforme passagère ne sont plus vraiment un problème. En partant de ça, on peut bâtir un canevas défensif de top niveau, sur l’intégralité d’un match. Et au fil des possessions, on brise l’élan adverse, on écrase la concurrence, aussi adroite soit-elle (ce fut le cas ce soir des Anglaises).

 

 

Par rapport aux Jeux Olympiques, qui avaient marqué l’éclosion de cette équipe aux yeux du Monde, nous semblons mieux armés. Les nouvelles apportent un plus, notamment le formidable talent d’attaquante de Valériane Ayayi, ou l’extrême polyvalence de Diandra Tchatchouang… Elles sont un véritable relais pour nos titulaires habituelles, en ce sens où elles apportent des choses nouvelles à notre jeu offensif… Comme à Londres, en revanche, on ressent de l’extérieur la force du collectif, le sens du sacrifice et le souci de la gestion qui anime nos joueuses. Même dans les interviews, ça transpire : elles sont prêtes à tout faire péter, elles le savent, et elles vont le faire. C’est aussi clair que ça. J’y crois dur comme fer car je ne vois pas qui pourra les tenir en respect sur quarante minutes. Elles vont le faire, et elles n’auront alors plus rien de Braqueuses.

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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 23:08

 

  http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/76/Logo_JSF_Nanterre.jpg

 

Je regardais Sport+.

 

Et quand Chris Warren (1m76) entreprit l’escalade du mont Duport (2m17), au buzzer du troisième quart, pour déposer dans le cercle un finger roll royal, faisant passer le score à 59-51, je me suis vraiment dit que rien ne pourrait arriver ma nouvelle équipe préférée. Ou plutôt si  : que du bon.

 

Dès la reprise Nzeulie, l’incroyable facteur X de ces finales, planta une improbable - tous ses shoots le sont en fait – bombe à huit mètres.  Warren remit ensuite une saucée, de loin, et l’écart enfla jusqu’à +14, la salle ivre de bonheur, les supporters au bord de la suffocation. Que du bon.

 

Et même lorsque la SIG entreprit un courageux retour, revenant à deux possessions des incroyables hommes en vert, David « MVP » Lighty, puis Stephen-Dirk Brun remirent le couvercle à trois points, pour ramener ces finales LNB dans l’irrationnel. Toujours, que du bon.

 

Enfin, à 2’ du terme Ricardo balança dans les panneaux  publicitaires  « la balle à un million de dollars » (copyright David Cozette), et Stephen Brun termina de poser sa monumentale couille gauche sur la table, des sept mètres. En arrière plan, assis, hagard, l’immense Alexis Ajinça était finalement devenu inoffensif… Perdu dans sa frustration, sa déception, lui qui semblait pourtant avoir les clés de cette finale, avant qu’elle ne se joue. Que du bon, cette fois, j’en étais certain.

 

Et en effet, qu’est ce que c’était bon, au coup de sifflet, de les voir hurler, sauter,  Brun balancer la gonfle dans la stratosphère, le speaker perdre tout sens commun, le public hurler son bonheur…  Et qu’elle était belle cette interview de Pascal Donnadieu, l’improbable sorcier de cette improbable série. Si son nom de famille a un sens, à n’en pas douter ce soir on lui a rendu tout ce que ses ancêtres ont pu donner… Le coach champion, les yeux brillants de bonheur, cheveu sur la langue, engoncé comme une saucisse dans son tee-shirt blanc de Champion de France, avait pour lui l’inestimable charme qui habille ceux qui arrivent là où on ne les attendait pas … Stephen ensuite, mon héros sur ce dernier match, arriva au micro, son enfant dans les bras, sous les vivas du public, pour quelques mots tellement spontanés, tellement chargés de joie…

 

Alors, il sont montés sur le podium, sous cette pluie de confetti dorés que de pauvres émissions télé m’avaient donné en horreur. Chacun prenant sans doute alors conscience de ce que venaient de réaliser cette bande de joueurs plus ou moins anonymes – et cela ne retire rien au respect qu’ils méritent, loin de là . Champions de France, bon sang. L’Euroleague, la grosse, l’inaccessible Euroleague s’offrira l’an prochain à Nanterre, comme une vieille pute de luxe se décide à faire grimper à l’étage le premier des puceaux venus…  Ah qu’est ce que ça fait plaisir, qu’est-ce que j’aurais aimé être avec vous tous là-bas, les gars, à partager en chair et os, en souffle en en sueur,  ces moments de folie, ce bonheur tellement incroyable. Alors oui, je me suis dit, que j’aurais bien aimé être de Nanterre, y grandir en même temps que son club.  Moi qui n’ai pourtant  jamais souhaité vivre en région Parisienne, j’aurais aimé connaître Nanterre comme ma poche, savoir le nom des rues, le visage des gens. Sentir battre le pouls de cette banlieue populaire, que je me plais à imaginer, verte, grouillante, chaleureuse. Plus belle qu'elle n'est, sans doute. Comme ce soir. Championne de France. Incroyable. Que c’est bon !

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5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 12:01

Le sort est cruel. Alors même que se déroule, entre Alsace et Ile de France, un des épisodes les plus sensationnels de l’histoire du sport tricolore, alors même que le tout petit Poucet est en train de botter le cul de l’ensemble des ogres qui se pointent sur sa route, le basket professionnel français est nimbé dans une indifférence cauchemardesque… Car à ce niveau là, oui, c’est du cauchemar,  de voir le peu d’images de cette finale qui percolent a travers le filtre du sacro-saint audimat, de constater que pour visionner un match dans son intégralité il faut aujourd’hui impérativement souscrire à une chaîne à péage, de voir enfin les émissions sportives généralistes n’y consacrer que le minimum requis, navigant précautionneusement sur la limite qui sépare l’intérêt modéré du rien à foutre…  A la radio, c’est peut-être encore pire, alors même que la possibilité de passer du temps sur des dossiers dits « de niche «  semble plus importante qu’à la télé… Et puis l’ironie absolue, pour le fan de basket que je suis depuis trente ans, c’est de voir ce qui restait de la cathédrale Maxi Basket s’effondrer alors même que la JSF Nanterre pointait le bout de son nez en play-offs LNB ! De cette presse, je ne suis qu’un lecteur parmi d'autres, j’imagine pourtant sans peine la frustration que doivent ressentir les journalistes qui intervenaient dans feu Basket News, orphelins de ce phare qui semblait devoir supporter toutes les tempêtes.

 

http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQ7dUhzBQVj9y-1fVxOFqwaaNwZQhpHsjyhxzprBZR2Y7iJ1TLDcQ

 

 

Aujourd’hui donc, je suis un peu schizophrène, à la fois heureux et triste, exalté et dépressif. L’équipe de Nanterre, avec sa petite salle décorée de posters muraux de supporters, avec son coach à la Little Big Man, qui aura porté l’équipe depuis la départementale jusqu’au firmament du sport hexagonal, avec son prési (le Papa de l’indien) qui se prend déjà certainement la tête avec la région, le département, la ville de Nanterre, pour que la possible qualification en Euroleague ne devienne pas un chemin de croix, cette équipe de Nanterre donc, elle me fait kiffer, comme elle fait kiffer toute la France du basket. Cette équipe, avec ses joueurs anonymes qui se découvrent un tempérament, un talent, et même des couilles de stars, elle donne forcément une dose de plaisir incroyable à tous les junkies frustrés que sont aujourd’hui les amoureux de la grosse balle orange… Et je me dis, j’en suis même certain, que Jo Passave-Ducteil, David Lighty, Steph Brun et leurs petits copains, il feraient sans doute rêver la France entière s’ils en avaient l’occasion. Ils ont tout pour ratisser large. Ces gars sont attachants, spectaculaires et charismatiques. En aucun cas, un tel exploit ne devrait se dérouler dans un tel silence. En aucun cas, l’ensemble de ces Playoffs LNB (d’une niveau global vraiment remarquable) n’aurait dû s’habiller d’une telle indifférence. Alors oui, je suis enthousiaste, mais dégouté. Quelle que soit l’issue de cette finale - car Strasbourg et son MVP d’honneur n’ont certainement pas dit leur dernier mot - cela aura été grandiose. Hélas inaudible.

 

Depuis le début des années 90, le Basket en France laisse filer les occasions, a vu foncer le train du rugby, et même l’autorail du hand semble aujourd’hui lui passer sous le nez. Il est symptomatique que je me sente tenu d’en parler ici, moi qui ne serai de toute façon que peu lu… La JSF Nanterre mène deux à un contre la SIG, et sera peut-être champion de France dès samedi. Cela serait l’un des exploits les plus incroyables du sport Français. Et sa couverture médiatique sans doute l’une des plus injustes. Je croise les doigts pour que le miracle ne se produise pas simplement sur le parquet.

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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 22:52

L'équipe de France a fait lundi son entrée dans l'Euro, un baptême du feu que tous les footeux de l'hexagone attendaient avec impatience, après avoir vu l'essentiel des autres équipes s'affronter les jours précédents. Le match contre les Anglais, nos ennemis intimes, n'a en lui-même pas été sensationnel. Un match nul finalement assez terne, sans doute gâché par la chaleur, par le peu de prise de risques de nos adversaires, par notre propre incapacité à changer de rythme. Le score final n'est ni bon, ni mauvais, et laisse la porte ouverte aussi bien à l'exploit qu'à la déconfiture, pour les jours à venir... Pas de quoi s'en relever la nuit.

 

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Photo d'une banderole grotesque et insultante, à l'Emirates Stadium. Là ça valait bien un "ferme ta gueule"!

 

 

Ce qui a vraiment marqué, et fait aujourd'hui le buzz, c'est le but égalisateur de Nasri. Ou plus exactement son attitude lorsqu'il a célébré sa remarquable égalisation. Sans qu'il soit besoin d'être un expert ès lecture labiale, Samir a clairement invité quelqu'un - ce serait un journaliste du quotidien l'Equipe - à fermer sa gueule. Un message clair, qui est une sorte de "récompense" du Citizen pour le plumitif, et l'ensemble de son oeuvre. Un règlement de compte, façon baston de cour de récré, comme on commençait à en perdre l'habitude depuis que nous avons changé de président.

 

D'aucuns ont vu dans cette attitude un remake de la langue tirée par Dugarry lors de son ouverture du score face à l'Afrique du Sud en 1998. D'autres, beaucoup d'autres, n'ont strictement rien trouvé à y revoir. Façon de dire que finalement, le journaliste l'avait bien cherché.

 

Pour ma part, je trouve ça plutôt inquiétant. Je m'interroge, sur la nature de la matière qui remplit le crâne de certains de nos joueurs depuis déjà un certain temps. Concernant Samir Nasri, je n'ai plus guère de doute. Comment, avec le passif malheureux de Knysna, en pleine opération rachat, a-t-il pu se laisser aller à pareille chose? Déjà que la reconquête des coeurs Français ne semblait pas hyper naturelle jusque là...

 

Nasri, en plus, il avait eu du bol en 2010 : alors qu'il avait clairement été à l'origine de l'ambiance délétère qui a éclaté à la face du monde lors de la compétition du même nom - rappelez-vous les déclarations de Thierry Henry sur l'attitude irrespectueuse du jeune homme - il était miraculeusement passé au travers des mailles du filet dans lequel se débat encore Patrice Evra, pour la bonne raison qu'il n'avait pas fait partie du voyage. il était resté au bercail, et ainsi avait évité d'être associé à une honte nationale qui a largement dépassé les frontières du Foot...

 

Là, il faut le dire, depuis quelques mois Nasri est critiqué par les journalistes. Sa titularisation quasi-automatique est largement remise en question, au motif qu'il n'apporte pas ce qu'on est en droit d'attendre d'un garçon possédant un tel potentiel, pour lequel Manchester City a claqué la bagatelle de 30 millions d'euros l'an dernier. Il se fait sévèrement chahuter dans la presse, et pas que par l'Equipe d'ailleurs. Mais force est de constater que c'est justifié. D'ailleurs, à Manchester, il ne jouait plus guère, en fin de saison. Nasri n'est pas au top, depuis plusieurs mois, et c'est chose normale finalement que cela se retrouve dans les commentaires des médias spécialisés.

 

Alors bien-sûr, ça lui a fait de la peine, à son entourage également. Sa maman est triste, ce qui est évidemment regrettable. Qu'il ait eu envie de se venger semble presque compréhensible, au fond.

 

Mais il s'est totalement loupé dans la forme.

 

En aucun cas, à ma connaissance, Nasri n'a été attaqué en tant que personne. En cela déjà, il s'éloigne largement d'un Dugarry qui était le souffre douleur de la moitié de la France du foot au moment de son magistral coup de boule dans la lucarne des bafanas bafanas... Et Dugarry n'a répliqué à personne en particulier. Trop long, il n'aurait pas pu continuer le match!

 

Plus sérieusement, où va-t-on si les journalistes sportifs ne peuvent plus critiquer les joueurs qui déçoivent? En gros, où va-t-on si les journalistes sportifs ne peuvent plus faire leur boulot?

 

Nasri a été plutôt bon face à l'Angleterre, et a d'ailleurs été désigné homme du match par l'UEFA, lundi dernier. Un tout petit homme, quand même.

 

Franchement, je ne demande qu'à me tromper. Mais Nasri, c'est du gâchis. La tête n'est pas à la hateur du reste, et je crois bien que si ses pieds savaient parler, ils n'auraient jamais sorti une telle connerie, à un tel moment, dans un tel contexte. Ils auraient eu l'intelligence de situation qui a cruellement manqué à Samir, lundi dernier.

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 16:35

 

En intitulant un précédent billet consacré à notre équipe nationale de rugby « Aux sombres héros de l'amer », chacun de ces mots était classé dans mon esprit, selon un ordre d'importance, de prépondérance. A l'époque de ce billet donc, voici une semaine, je voyais nos bleus bien plus sombres qu'héroïques, et leur prédisais la plus grande des amertumes à l'arrivée. Sur ce dernier point hélas, je ne m'étais pas trompé. En revanche ils m'ont donné tort sur le reste, d'une éclatante manière, me faisant presque regretter cette dernière phrase où je me demandais si l'histoire du sport ne risquait pas de les retenir comme des usurpateurs, des imposteurs...

 

Oui ce matin, les gars de ce quinze de souffrance, de sous-France par moments, que l'on avait vu se frayer un chemin miraculeux jusqu'à la finale, entre coups de gueules mesquins, sorties malencontreuses, humeurs capricieuses... Ces gars-là ont tout simplement dominé ceux que les spécialistes désignent déjà comme la meilleure équipe de rugby All time, rien que ça. Nos coqs n'avaient rien de dindons, et rien à faire dans la farce qu'on leur avait un peu vite préparée, et il s'en est fallu d'un rien, d'un peu de chance, d'un peu d'impartialité arbitrale sans doute, pour qu'ils n'inscrivent enfin le mot « France » au palmarès mondial...Comme l'a justement dit Lièvremont, ils ont été immenses.

 

Alors oui, l'amertume, elle est là, énorme, incontournable. Mais elle a fait place à de la fierté, beaucoup de fierté. Et à la limite je me demande même si cette défaite d'un point n'est pas la meilleure des choses qui pouvait arriver à ce quinze maudit qui, finalement, ne méritait peut-être pas d'arriver si haut dans le tournoi, même si sa finale fut fabuleuse d'opiniâtreté, de solidarité et de mental. Avec cette défaite magnifique en point final, les bleus – blancs? - ont prouvé à tout le monde ce qu'ils avaient réellement dans le ventre, et juste en dessous. Ils ont montré plus de valeurs que dans l'ensemble des victoires précédentes. Ils ont touché leur pays en plein coeur. Et pour tout ça, il faut les remercier, les féliciter. Car Franchement, voilà une semaine, ce n'était pas du tout gagné... Une belle histoire, finalement.

 

 

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... maintenant, quelque chose me taraude : 1987, 1999, 2011... N'attendons pas 2023 pour une prochaine!

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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 23:29

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Après être sortie vainqueur d'un duel homérique face au quinze de la Rose - son meilleur ennemi – puis s'être défaite cruellement de talentueux Gallois, l'équipe de France de Rugby s'offre la troisième finale mondiale de son histoire, et l'opportunité d'enfin régner sur l'ovalie planétaire!

 

Dit comme ça, ça claque plutôt pas mal, c'est même a priori très excitant. Sauf que, non, ça n'est pas terriblement excitant. Oui, le bât blesse, il y a du mou dans la corde à noeuds, une merde dans le ventilateur, bref ça ne va pas aussi bien que ça le devrait. Et le mal semble plutôt profond.

 

Là où la France toute entière devrait s'enflammer pour ses héros bodybuildés, s'enthousiasmer devant les exploits virils et collectifs (deux valeurs repères dans l'échelle de valeurs hexagonale) des bleus, on remarque plutôt une joie presque gênée, voire une gêne à peine joyeuse.

 

A suivre les commentaires des spécialistes qui nous bombardent de comptes-rendus de matches depuis maintenant trois semaines, on ne peut que constater l'abîme qui s'est crée entre les résultats bruts de l'équipe de France et l'impression qu'elle laisse aux observateurs. Certains, à l'image des joueurs et de leur coach sursitaire - sorte d'hybride entre les légendaires Samson et Raymond Domenech, à qui la moustache repousserait à mesure que ses forces reviennent – pensent qu'il ne faut surtout pas bouder son plaisir, et que non, les pisse-froid qui pensent que la France a le cul bordé de médailles ne sont pas vraiment des supporters!... Et puis il y a tous les autres, nombreux, qui se disent qu'il y a une forme d'imposture, à ce que cette équipe au rugby d'attaque plus que bredouillant, à l'engagement souvent douteux, et à la chance insolente, qui a surtout pour l'heure été première d'un vaste concours de circonstances, effleure ne serait-ce qu'une seconde le graal du rugby mondial!!

 

Pire est l'impression générale, au delà de l'incompréhensible défaut d'ambition des Tongiens (qui pouvaient sortir définitivement les Bleus du tournoi, et s'y remettre par la même occasion), de la sclérose qui semble avoir gagné les Anglais depuis plusieurs matches, et l'absence complète de réussite au pied du Pays de Galles... Au delà de tout cela donc, rien ne donne vraiment envie d'aimer ces gars, que l'on sent bien marcher sur des oeufs à chacune de leurs interviews, hésitant entre fatalisme, agressivité et inconséquence. Il faut bien l'avouer, aussi, ils n'ont pas vraiment l'air de s'amuser, nos joueurs. Pas vraiment heureux d'avoir gagné finalement, après la demi-finale, comme chloroformés par leur incroyable succès, abasourdis par l'ampleur du hold-up réalisé... Cette Nouvelle-Zélande là ressemble malheureusement pas mal à l'Afrique du Sud de 2010, le résultat en plus. Les vertus défensives indéniables de cette équipe n'ont pas emporté l'adhésion populaire, loin s'en faut... Au soir de la demi, même les supporters filmés au sortir du stade ne parvenaient pas laisser éclater une joie communicative, saine et sereine, comme on est habitué à le voir en pareille occasion. Alors quoi?

 

Les valeurs ancestrales si chères aux amateurs de rugby auraient-elles été broyées sur l'auteul du capitalisme qui a envahi ce sport depuis une quinzaine d'années? Les joueurs ne seraient-ils que des starlettes sans cervelle, indignes du statut qu'ils revendiquent? Ces explications ne semblent pas tenir, tant certaines équipes ont au contraire donné une belle image de leur sport lors de cette Coupe du Monde. Et puis l'argent, les bleus du basket ont récemment prouvé qu'on peut émarger à plusieurs centaines de milliers d'euros mensuels, et garder un enthousiasme de gosse pour les compétitions internationales.

 

Non, décidemment, sans même parler de niveau technique, de fond de jeu, on est loin des belles heures qu'a pu connaître le rugby français par le passé ; je souhaite à cette équipe de gagner la finale, et d'enfin conquérir les foules... Mais à l'évidence même en cas de victoire finale face aux Blacks, la semaine prochaine, tout cela n'aura rien d'une apothéose. L'histoire adore les vainqueurs, mais elle reconnaît aussi les imposteurs.

 

 

(photo : Imanol Harinordoqui, en pleine réflexion lors d'un point presse)

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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 22:52

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La Lituanie s'éloigne encore dans le retroviseur, que Londres se profile déjà, au travers des brumes d'un probable lock-out, dont je ne suis pas loin de penser qu'il aura largement servi les desseins de l'équipe de France... Je crois que, malgré le problème temporaire des assurances des joueurs (l'EDF étant l'équipe dont les stars NBA coûtaient potentiellement le plus cher sur cet Eurobasket), le blocage des activités estivales aux Etats-Unis a permis aux joueurs NBA de donner plus tôt des garanties de présence à leurs fédérations. Et cela a son importance, en termes de préparation physique et collective.

 

Cet Euro fut pour notre équipe une réussite quasi-totale, et je dois bien avouer qu'avec un peu de recul, je n'arrive même pas à être déçu. Au delà du résultat brut, déjà excellent, l'impression visuelle et la somme de frustrations anciennes évacuées suffisent à mon bonheur, et je crois à celui de nombreux fans.

 

Avant de totalement refermer ces jolies pages tricolores, je souhaite quand même revenir sur les performances individuelles de nos joueurs. Il y a fort à parier que, sauf blessure ou méforme, beaucoup seront là à Londres l'an prochain. A ceux-là, s'ajoueront sans doute certains jeunes talents (Fournier, Tillie, Lauvergne?) ou des gars plus aguerris, mais blessés cette année (Turiaf, M. Pietrus, Diot).

 

Pour ne pas faire de jaloux, je vous la fais par ordre alphabétique!

 

Andrew Albicy

 

Utilisé comme meneur d'appoint, sur de courtes missions défensives, Andrew n'est pas vraiment parvenu à se libérer. Un match-cata contre Israël au départ (5 bp en une dizaine de minutes) a plombé son tournoi. Ses stats, déjà faiblardes (1,6 pts à 29%) sont de plus à tempérer, car la plupart de ses points ont été marqués dans le garbage time du premier France-Espagne...

Bref, pas très reluisant, mais n'oublions pas la jeunesse d'Andrew, son état d'esprit, et ce qu'il nous a déjà prouvé en d'autres occasions (encore un France-Espagne, tiens...). Et puis derrière un TP stratosphérique et donc forcément vampirisant, pas facile de trouver sa place...

 

Nicolas Batum

 

Là, on tient vraiment un sacré joueur! Par son jeu, son attitude, il rappelle forcément un peu Scottie Pippen (le faciès à la serpe en moins, tant mieux pour Nico!), et s'est avéré être lui aussi un parfait lieutenant, derrière le boss Parker. Ses stats moyennes sont vraiment complètes : 13,8 pts (avec des pourcentages énormes), 3,2 rbds, 2 stl par match, le tout saupoudré de dunks électrisants, d'actions offensives et défensives de grande classe, avec toujours cette grâce qui est la marque de fabrique du gaillard depuis ses débuts... Meilleur contreur des bleus. Un petit bémol, malgré son envergure d'albatros et ses qualités athlétiques au dessus de la moyenne, il a souvent été ennuyé en défense face aux prises d'intervalle, aux pénétrations, se laissant un peu trop facilement déborder parfois... Mais dans l'ensemble la performance de Batum reste énorme, il a été prépondérant dans notre réussite, et échoue sans doute aux portes du cinq idéal du tournoi.

 

Nando De Colo

 

Un drôle d'Euro, où il est passé du statut de quasi-maillon faible sur les premiers matches, à celui de sauveur de la patrie (Lituanie) , puis de valeur sûre sur les trois postes extérieurs! Bref, il a réussi à enfin sortir de cette gangue de timidité, de doute peut-être, dans laquelle il s'était toujours plus ou moins débattu chez les bleus, alors même que sa carrière en club a déjà largement décollé.

Contre la Lituanie, on a assisté à l'explosion de son talent, sa fiabilité sur le dribble et les tirs, sa faculté à se créer des shoots alors que rien ne va en attaque. Cette qualité fut aussi bien utile devant la Grèce, en première mi-temps, dans le tempo sclérosant que nous imposaient Bourousis et ses copains. Les stats globales de Nando (environ 7 pts, à 47%) ne lui rendent pas vraiment justice, tant son impact fut indispensable aux moments-clés. Impliqué en défense, il a agréablement surpris de ce côté du terrain.

 

Boris Diaw

 

Un signe qui ne trompe pas : plus personne ne s'offusque du poids de babac, qui sur ses 2m03 doit bien répartir 120 ou 125 kg! Utilisé principalement au poste 4, avec quelques passages au pivot et à l'aile, le Président (copyright Jacques Monclar) n'a certes plus la félinité d'antan mais a développé en NBA des qualités nouvelles, et notamment un jeu dos au panier qui s'est avéré crucial face à des Italiens certes grands et talentueux, mais dépourvus de forts défenseurs à l'intérieur. Alors ok, Babac est encore capable de passer un match sans shooter, ou presque, ok il ne réclame parfois pas assez la balle pour fixer à l'intérieur, ok il refuse des shoots ouverts à trois points... Mais il est toujours indispensable aux bleus, comme l'attestent ses presque 30 minutes de jeu moyen. Par sa seule présence, il régule le jeu français en attaque, évidemment, mais aussi en défense, où il utilise sa masse et sa science du placement, souvent face à plus grand que lui. Et puis si Parker est le boss, des Bleus, Diaw est incontestablement leur guide, celui qui rassure, qui implique, celui qui comme le disait Nico Batum après la Serbie, reste calme à la fin, quand la balle brûle les doigts et l'enjeu les neurones...

 

 

Mickaël Gélabale

 

Le polyvalent ex-rasta avait un rôle prépondérant du fait de la défection de Mike Piétrus, et s'en est fort bien acquitté, avec un rendement et une efficacité exemplaires jusqu'à cette vilaine entorse de la cheville... Par la suite, il n'a pas été le même, malgré un courage et une volonté à toute épreuve, qui l'ont amené à entrer en jeu alors qu'il n'était pas parfaitement guéri, juste pour aporter quelques minutes de bonne défense.

Evidemment, sur ses matches avec ses deux chevilles, Mika a montré bien plus que de la défense, au point de terminer l'Eurobasket avec un coquet 14/22 à trois points (64%), ce qui en fait le lauréat continental dans ce domaine, et un minimum de déchet (moins d'une balle perdu par match, sur une vingtaine de minutes).

 

 

Charles Kahudi

 

La surprise du chef Collet, et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle fut bonne! Une énergie défensive impressionnante, un physique d'enfer, des rebonds, on s'en doutait un petit peu. Là où il m'a surpris, c'est sur son adresse, tant à trois points (4/6) qu'aux lancers (6/8). Jamais avare de courses, de pressing, et de fautes à donner... Il a apporté un relais de qualité sur le poste 3, ce qui n'était pas évident après deux matches. Un apport crucial contre la Serbie et la Turquie. Si nos stars ont brillé dans ce tournoi, c'est aussi parce que les soutiers comme Kahudi ont fait le boulot, avec un état d'esprit impeccable.

 

Joakim Noah

 

On l'avait espéré, fantasmé, depuis longtemps déjà. Il avait une pression de dingue, que le staff bleu a intelligemment choisi de limiter en n'autorisant pas de buzz médiatique autour du fils de qui-vous-savez... Mais la pression, Jo, il s'en nourrit. Il la transforme en hargne, et sur chacun de ses passages en jeu, les adversaires du pivot Français et les observateurs s'en sont rendus compte. Au final, le bilan chiffré est bon, puisque qu'on savait depuis un bail qu'il n'est pas un grand attaquant (9 pts, 8 rbds par match, sur 25' de temps de jeu). Sa qualité défense et sa taille ont clairement changé la couleur de la peinture française, surtout quand on voit la qualité des pivots qu'il a eu à se farcir : Bargnani, Kaman, Krstic, Bourousis, Javotkas, Gasol(s), et j'en passe! Face à cette armada, et pour son entrée dans le basket FIBA, il a été remarquable. Il a aussi été rassurant aux lancers (81%!) ce qui est rare chez un pivot et plutôt inespéré, et s'est bien accomodé des coups de sifflets, se trouvant rarement handicapé par les fautes (en partie aussi grâce au coaching intelligent de Vincent Collet). Et puis il y a tout ce qui fait que ce joueur est génial : son enthousiasme, sa gnac, ses passages en totale énergie ou pendant deux-trois minutes, il semble être partout au rebond... Sa faculté aussi à monter en régime, comme face à Bourousis ou à Kaman : dominé en début de match, il a haussé le ton quand le match se jouait. Un dunk d'anthologie sur Bourousis. Déjà complètement indiscutable et indispensable.

 

Tony Parker

 

Franchement, après la Russie, le voir les larmes aux yeus, puis ensuite l'entendre parler de son amour indéfectible pour le maillot de la France, lui le métis, né en Belgique d'un père américain... Franchement, j'ai kiffé. Total respect.

Après évidemment, il y a le jeu. Et là, comme beaucoup de grands joueurs, Tony nous a presque blasé, avec sa facilité à enquiller une vingtaine de points face à n'importe quelle défense, depuis maintenant une dizaine d'années. Mais force est de constater que cette année, il avait vraiment du jus. Merci des play-offs ratés des Spurs!!!

Son bilan chiffré est magnifique (22,1 pts – 3,5 rbds – 4,4 ast – 1,6 stl), alors qu'il était ciblé par toutes les défenses, avec en point d'orgue sans doute ce match royal face à l'Allemagne, qui a vraiment lancé l'équipe vers d'autres exploits. En progrès dans la gestion de l'équipe, à la passe. Un patron, sur et hors terrain. Une forme de plénitude. Au final Tony termine top scoreur de la compétition, tout en ayant été diminué par une grosse béquille après l'Italie, et à n'en pas douter en cas de victoire finale, il était MVP. J'aime à croire qu'il le sera à Londres... Bravo, et encore merci au boss!

 

 

Florent Piétrus

 

Au départ, contre l'accrocheurs lettons, il a semblé en dedans. Pas à son aise en défense, pas pressant ni incisif, alors qu'il est justement le baromètre de notre aggressivité défensive. Par la suite, il a su rassurer son monde, retrouvant toutes les qualités qui l'avaient toujours rendu indispensable au collectif tricolore. Oubliées les revendications passées sur son rôle offensif, il a su se mettre totalement au service de l'équipe, dans ce rôle de soutier intérieur qui est sa force. Très parcimonieux ne attaque, il n'a rien gâché : 13/16 aux shoots! (81%)

A mon sens, son apport a été énorme dans la victoire étriquée contre les Grecs : c'est lui qui imprime en premier le tempo défensif qui permet de remettre le match sur la bascule, c'est lui qui est l'étincelle du renversement de tendance, sans même scorer un point, simplement sur son impact sur l'homme. Chapeau.

 

Kévin Séraphin

 

A l'image de Charles Kahudi, Séraphin a été une des belles surprises de la compétition. Au tout début, on ne l'attendait même pas dans les douze, alors que finalement il a su se faire sa place dans la rotation, avec un belle efficacité offensive, déployant une palette variée entre jeu dos au cercle et tirs à mi-distance... Bien-sûr, son manque d'expérience fut criant en finale, et il ne faut pas oublier qu'il a en partie fait ses stats dans le faux match contre l'Espagne... Mais tout de même, un gars de cet âge là, à ce poste, avec un tel buffet et un tel impact, on ne voit pas ça si souvent. A titre personnel, je crois que cet Euro peut être pour lui un accélérateur, en lui faisant prendre conscience de ses qualités, de son potentiel « schortsianistiesque »! C'est tout le mal que je lui souhaite.

 

Steed Tchicamboud

 

L'escroc, comme il se nomme lui-même, n'a dû sa sélection qu'au forfait d'Antoine Diot, se félicitant du coup de n'avoir pas eu à endurer la préparation physique avec les autres! Mais blague à part, il s'est remarquablement fondu dans le collectif, et a su prendre son rôle avec sérieux et application, y compris en defense, ce qui n'était pas évident à la base. Lors du match sans Tony, il a tenu la mène avec abnégation, à défaut d'adresse. Ses stats sont anecdotiques, l'important n'était sans doute pas là.

 

Ali Traoré

 

Mandrake (copyright JM à nouveau!) a failli ne pas venir, poussé vers la sortie par l'éclosion de Séraphin lors de la préparation,et c'eut été bien dommage! Utilisé en rotation prioritaire au pivot, et parfois associé à Noah en tant qu'ailier fort, Ali a fait étalage de sa classe offensive avec une régularité remarquable (7,1 pts à 54% en seulement 11 minutes par match).

J'avoue que j'avais une crainte sur son état d'esprit, alors qu'il n'avait été rappelé en Lituanie que du fait de la blessure de Ronny Turiaf, mais il a été exemplaire, et a même été particulièrement impliqué en défense, ce qui n'est pas à la base son point fort. Face à des adversaires directs souvent plus grands, il s'est volontiers sacrifié en défense, et n'a pas hésité à charogner au rebond, lui l'esthète, le magicien. Comme disait Jacques monclar (et promis c'est la dernière) «  Ali c'est un magicien, tu lui donnes la balle, elle disparaît! Mais elle disparaît dans le panier »...

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